Jus d’amande, d’avoine, de noisette… Des boissons gourmandes qui ont le vent en poupe ! Dans son baromètre sur les Français et les protéines végétales publié en décembre 2022, Protéines France indique que 22 % des Français ont changé leurs habitudes alimentaires, majoritairement par envie de diversifier leurs menus. Les résultats des ventes de produits végétaux confirment cette tendance, ce qui encourage les industriels de l’agro-alimentaire à miser sur ce type d’offre. Aujourd’hui, les références « véganes » se multiplient dans les rayons des supermarchés. Mais, ces produits sont-ils adaptés à tous, d’un point de vue nutritionnel ?
Qu’est-ce qu’une boisson végétale ?
Les réglementations européenne et française définissent le lait comme le produit de la traite d’une vache ou d’une femelle laitière autre que la vache (la dénomination « lait » doit alors être suivie de l’indication de l’espèce animale en question).
Concernant les boissons issues de végétaux, seules les dénominations « lait de coco » et « lait d’amande » sont autorisées, les autres produits devant porter le nom de « boisson » ou « jus ». Elles ne font pas l’objet d’une réglementation spécifique et sont soumises aux obligations relatives aux produits d’alimentation courante.
Les travaux de l’Observatoire de la qualité nutritionnelle des aliments de l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ont permis d’identifier 211 boissons végétales, préparées à partir de légumineuses (soja), de chénopodiacées (amarante, quinoa), de céréales (riz, épeautre, avoine…) ou d’oléagineux (amande, sésame, noisette…).
Ces aliments sont cuits le cas échéant, broyés et dilués dans de l’eau. Ensuite, les boissons obtenues peuvent être enrichies en nutriments et sucrées ou aromatisées. Dépourvues de lactose, elles sont intéressantes pour les consommateurs ayant des difficultés à le digérer.
Elles revendiquent parfois aussi l’absence de gluten, qui peut occasionner des troubles digestifs, et un bon apport en acides gras insaturés, bénéfiques pour la santé cardiovasculaire.
Une alternative au lait de vache ?
Les jus végétaux présentent un gros inconvénient : ils manquent naturellement de calcium. S’ils sont utilisés en remplacement des produits laitiers, il est possible de les choisir enrichis afin de compenser cette carence. Mais certains enrichissements sont controversés, comme le phosphate de calcium (E431).
Cet additif doit être réévalué par l’Autorité européenne de sécurité des aliments car il pourrait induire un excès de phosphore dans l’organisme, prédisposant à des maladies cardio-vasculaires ou rénales. Seul le jus de soja fournit autant de protéines que le lait de vache, presque aussi bien assimilables par le corps humain que celles des produits laitiers.
La teneur en glucides de la majorité des jus végétaux est supérieure à celle du lait de vache. Dans le cas des boissons à base de céréales, il s’agit de sucres naturels, notamment du glucose issu de la transformation de l’amidon.
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D’autres boissons végétales comportent des matières sucrantes ajoutées telles que sirop d’agave, jus de fruit concentré, ou sirop de maïs, dont la teneur en glucose fait rapidement monter le taux de sucre sanguin… À ce titre, ces boissons sont déconseillées en cas de diabète.
Il est primordial de lire attentivement la liste des ingrédients et le tableau nutritionnel figurant sur l’emballage avant de consommer une boisson végétale.
Prudence avec les personnes fragiles
La Société Française de Pédiatrie et l’Anses mettent en garde contre la consommation de boissons végétales chez les nourrissons. Pour les deux institutions, exceptées quelques rares formules spécifiques, les boissons végétales ne doivent en aucun cas remplacer les laits infantiles, car leur profil nutritionnel est loin de répondre aux besoins des tout petits.
De même, ce type de produits ne satisfait guère les apports conseillés en calcium et en protéines qui sont majorés pour les femmes enceintes. En outre, la prudence est de mise avec les boissons riches en glucose, mal toléré durant la grossesse.
Enfin, la consommation d’aliments à base de soja doit être modérée car il contient des phyto-œstrogènes, composés qui miment l’action des hormones féminines. Des études menées par l’Anses en mars 2005 révèlent que l’exposition excessive à des phyto-œstrogènes pourrait avoir des conséquences sur le développement fœtal.
Le soja est donc contre-indiqué aux femmes enceintes mais également aux enfants de moins de 3 ans comme aux femmes traitées pour un cancer du sein ou ayant des antécédents familiaux de tumeur mammaire.
Enfin, selon les recherches universitaires réalisées en 2019 et relayées par l’INRAE sur les conséquences physiologiques du remplacement du lait de vache par une boisson végétale, substituer aux produits laitiers des jus végétaux peut induire des carences chez les personnes âgées.
En effet, leurs besoins en protéines et en calcium augmentent – pour prévenir fonte musculaire et ostéoporose – ainsi que leurs besoins en potassium, sodium, zinc, vitamines E et B6. Or, à l’exception de la vitamine E, tous ces nutriments ne sont présents qu’en faible quantité dans les boissons végétales.