Accéder à une information élargie, rompre l’isolement et maintenir des relations sociales font partie des nombreux avantages que nous apporte le numérique. Toutefois, son utilisation peut s’accompagner d’effets moins bénéfiques si elle n’est pas raisonnée, en particulier pour les plus jeunes. Or, en 2016, les enfants de 6 à 17 ans passaient en moyenne 4 h 11 min par jour sur les écrans, selon Santé publique France (Étude Esteban). Que savons-nous exactement des risques liés à cette exposition, et comment s’en préserver ?
L’impact des écrans sur le développement des enfants bien identifié
Les résultats de l’enquête menée par l’IFOP (institut français d’opinion publique) en novembre 2022 révèlent que 65 % des parents estiment que l’usage des écrans impacte fortement le développement des enfants.
Ce point de vue est très majoritairement partagé par le corps médical, qui estime à 89% que le lien entre l’usage des écrans et les difficultés de développement chez l’enfant est évident. Un lien observé notamment dans le cas d’un temps d’exposition trop long ou d’un contenu inadapté, et qui se traduit principalement par des troubles du comportement, du sommeil et de l’humeur.
Ainsi, la plupart des parents déclarent contrôler l’exposition de leurs enfants au quotidien, en limitant l’accès à des moments définis. Pour autant, les adultes n’ont pas toujours conscience de l’impact de leur propre usage des écrans sur leurs enfants. En effet, 53 % des parents interrogés disent regarder les réseaux sociaux en leur compagnie, 49 % leur donnent à manger en consultant des notifications, ou encore utilisent le téléphone pour lire une histoire au moment du coucher…
Mais la quasi-totalité sont prêts à modifier au moins une de leurs habitudes pour éviter à leurs enfants une exposition indirecte : en instaurant des temps d’activité communs sans écrans, ou en éteignant la télévision pendant les repas, par exemple.
Une attention captée par les contenus digitaux
Outre les effets somatiques dus à une surexposition aux écrans, le dernier rapport de la commission d’experts co-présidée par Addictions France, pointe l’impact sur « la quantité et la qualité des interactions avec l’enfant », au point d’altérer « les capacités socio-émotionnelles et le développement du langage », sans compter les risques sur le plan psycho-comportemental liés à l’exposition à des contenus violents ou pornographiques, ou encore à des tentatives de manipulation ou d’extorsion sur Internet.
Des risques amplifiés par des services numériques soucieux avant tout de leur rentabilité, malgré la régulation de ce secteur d’activité par les législateurs français et européens. Alcool, malbouffe, jeux d’argent…
Selon Addictions France, de nombreux industriels profiteraient de ce système de captation de l’attention des jeunes pour valoriser des produits addictifs, augmentant la probabilité de développer chez ces publics vulnérables des comportements à risques.
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Quelques solutions envisagées
Depuis le 13 juillet 2024, les fabricants d’ordinateurs, smartphones et autres objets connectés ont l’obligation d’intégrer à leurs équipements d’accès à Internet un dispositif de contrôle parental gratuit, afin de permettre une meilleure protection des mineurs face à des contenus susceptibles de nuire à leur santé physique et mentale.
Les parents auront, via ce dispositif, la possibilité de bloquer les téléchargements mais aussi d’accéder à des fonctionnalités de mesure et de limitation du temps d’utilisation.
Mise en place par le Gouvernement, la plateforme Je Protège Mon Enfant est une action commune des pouvoirs publics (dont l’Arcom et la CAF), d’associations de soutien à la parentalité et de protection de l’enfance (dont la Fondation pour l’Enfance et la Ligue de l’Enseignement) mais aussi d’entreprises du numérique. Elle informe et accompagne les parents, en mettant à disposition des outils et des ressources pour contrer une surexposition précoce des enfants aux écrans.
La « pause numérique », en cours d’expérimentation dans différents collèges à travers le Grand Est (comme à Ensisheim et Mutzig en Alsace, Foug et Épinal en Lorraine ou encore Asfeld et Reims en Champagne-Ardenne), vise à proscrire l’usage du téléphone dans les établissements scolaires : les élèves auront la possibilité de déposer leurs téléphones, montres connectées ou tablettes à leur entrée, dans des pochettes ou casiers dédiés.
La mesure – qui requiert un travail préalable de sensibilisation des élèves aux usages des écrans et des réseaux sociaux, en lien avec les parents – devrait être généralisée au 1er janvier 2025. A suivre