Le camping, mode d’hébergement plébiscité par les Français pendant leurs vacances, présente aujourd’hui une autre facette… Dans le contexte de crise de l’immobilier que connaît la France depuis le début des années 2000, un nombre croissant de personnes réside dans des campings à l’année, faute de pouvoir accéder à un logement pérenne.
La Fondation Abbé Pierre estime que plus de 4 millions de personnes sont mal logées en France, dont plus d’un million sont privées de logement personnel et 330 000 sans domicile. Un contexte qui favorise le développement de situations de logement non ordinaire, dans les territoires périurbains et ruraux, comme le camping à l’année appelé aussi « camping résidentiel ».
État des lieux du camping résidentiel
Le phénomène concernerait jusqu’à 120 000 « campeurs », aux profils divers (travailleurs, étudiants, chômeurs, retraités…), avec un séjour moyen de 4 ans, ce qui correspond à la durée moyenne d’occupation d’un logement en France. Actuellement, le développement de cette forme d’habitat est tel que « le passage en terrain de camping est accepté comme un possible au sein d’une trajectoire résidentielle », selon l’urbaniste France Poulain.
Si l’envolée des prix des logements et les difficultés rencontrées par les ménages à se loger expliquent l’essor du camping résidentiel, celui-ci est vécu de diverses façons.
Lorsqu’il y a déclassement social, l’arrivée au camping peut être vécue de façon douloureuse, tandis qu’elle apparaît comme une amélioration lorsqu’elle s’inscrit dans un parcours de vie plus accidenté.
Enfin, pour certains ménages, c’est une solution qui permet d’accéder à la propriété et à l’habitat individuel, face à une offre d’habitat collectif dégradée ou hors de prix, comme le constate le sociologue Gaspard Lion.
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Mobil-home : droits et obligations du résident
Selon l’article R111-41 du code de l’urbanisme, un mobil-home (ou résidence mobile de loisirs) est destiné à une occupation touristique temporaire. La loi Alur visant à favoriser l’accès au logement permet de considérer un mobil-home comme une habitation permanente, dès lors qu’il est dépourvu de ses moyens de mobilité et raccordé à l’eau et l’électricité. Ainsi, il est possible de résider légalement plus de huit mois par an dans un mobil-home (article R111-51 du Code de l’urbanisme).
Certains campings proposent, en plus de leur offre classique, la location d’emplacements résidentiels à l’année. Tout comme une maison, le mobil-home doit être assuré contre les vols et effractions.
Le résident doit s’acquitter d’un loyer ainsi que de la consommation d’eau et d’électricité, auxquels s’ajoutent les droits d’entrée du camping.
Pour autant, la personne qui y réside, même à l’année, ne bénéficie pas des dispositifs de protection des locataires « ordinaires » car son statut dépend du Code du tourisme.
Des locataires en situation de fragilité
Vivre au camping toute l’année est une pratique qui illustre les situations de mal-logement et de difficultés d’accès au parc immobilier en France. Cette précarité liée au logement est accrue pour les personnes résidant en camping : ne bénéficiant pas du droit commun locatif, elles sont plus exposées au risque d’expulsion que les autres locataires.
Étant données l’ampleur du phénomène ces deux dernières décennies et l’hétérogénéité des situations des résidents, le camping résidentiel semble avoir de beaux jours devant lui.