Alors que l’usage du vélo se démocratise et que le nombre de vélos électriques a fortement augmenté, quid du recyclage ou du réemploi des batteries usagées ?
L’usage du vélo s’accroit en France, à la faveur du développement des pistes cyclables et des aides financières proposées pour l’acquisition d’un vélo électrique. Selon les données de l’Union Sports & Cycle (USC, l’Union des entreprises de la filière sport, loisirs, cycle et mobilité active), près de 4 millions de vélos électriques ont été vendus en France en 10 ans.
Une filière de recyclage volontaire
La durée des batteries variant de 5 à 10 ans, nombre d’entre elles sont arrivées en fin de vie. Après un processus de fabrication polluant (nécessitant l’extraction minière des matériaux qui composent les cellules et les circuits électroniques, souvent dans des pays en guerre), ces batteries finissent donc au rebut.
Certes, la France s’est dotée d’une filière de recyclage des batteries de vélo électrique dès 2017, initiée par l’USC et Corepile (l’éco-organisme déjà chargé de la fin de vie des piles et des petites batteries), avant même que la réglementation ne l’impose. La filière est donc volontaire (sans agrément de l’État) et a collecté 200 000 batteries de vélo depuis sa création, dont 53 000 uniquement en 2023.
Les batteries hors d’usage ou plus suffisamment performantes sont rapportées par les consommateurs chez des partenaires de la filière afin qu’elles soient recyclées. Elles sont démontées pour en extraire les éléments récupérables, à savoir :
- Le manganèse, le cobalt, le nickel, un peu de lithium (25 %), qui servent à la fabrication de nouvelles batteries ;
- Les métaux non ferreux, le cuivre, l’aluminium (24 %) sont refondus ;
- Les métaux ferreux (18 %) deviendront de l’acier ;
- Les résidus de métaux non récupérables (dont du lithium) et les plastiques (non recyclables car traités anti-inflammables), sont incinérés ou enfouis.
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La réparation et le reconditionnement absent du circuit
Si l’ensemble du circuit de recyclage est bien rôdé, les dispositifs de réparation et de reconditionnement sont complètement absents. Les batteries collectées sont considérées comme des déchets qui doivent être recyclés aux yeux de la loi. Or, certaines d’entre elles ont encore du potentiel, comme l’admet Frédéric Hédouin, le directeur général de Corepile.
Selon une étude Screlec/Doctibike, réalisée en juin 2022, sur 150 batteries collectées et analysées, 68 % auraient pu être réparées simplement (la panne émanant de la carte électronique, du câblage ou d’un connecteur) et 28 % auraient pu être reconditionnées ; soit 96 % de batteries envoyées au recyclage pour rien…
Si plusieurs acteurs économiques se sont lancés dans la réparation et le reconditionnement des batteries usagées, l’activité de reconditionnement fait débat et l’un des principaux fournisseurs mondiaux de batteries et de moteurs, Bosch eBike, s’y oppose expliquant que les composants d’une batterie de vélo peuvent être inflammables dans certaines conditions et nécessitent donc des qualifications techniques et un outillage spécifique.
Il est par exemple essentiel de n’utiliser que des pièces de rechange identiques à celles d’origine ou encore de remplacer l’intégralité des cellules même si une seule est défaillante.
« Si les cellules sont différentes, la carte mère passe son temps à gérer les différences entre cellules (voltage, etc.), ce qui peut créer des courts-circuits et des départs de feu », explique Anne-Sophie Caisticker, Directrice générale de Doctibike
Un cadre juridique plus clair
Un règlement européen adopté en juillet 2023 modifie le cadre juridique des batteries de vélo, de leur fabrication à leur recyclage en passant par un éventuel reconditionnement. Ce texte s’applique progressivement mais a déjà permis de créer une catégorie de batteries propres dédiée aux vélos et aux trottinettes – les batteries « MTL » (moyens de transport légers) ; ainsi une meilleure organisation de la filière de recyclage sera assurée, notamment avec la création d’une filière REP (responsabilité élargie des producteurs) spécifique.
Le texte prévoit également une nouvelle économie circulaire portant sur toutes les batteries, qu’elles soient portables, industrielles, d’allumage et de démarrage (SLI), pour les véhicules électriques ou les moyens de transport légers (vélos, trottinettes…).