Œufs ukrainiens : des importations dénoncées par les producteurs français

L’interprofession des éleveurs de poules pondeuses en France dénonce des importations d’œufs ukrainiens ne respectant pas les normes européennes, entraînant selon eux une concurrence déloyale.

Au mois d’août, des producteurs de l’interprofession de l’œuf (CNPO – Comité National pour la Promotion de l’Œuf) disaient avoir repéré la présence dans certains supermarchés français de plusieurs centaines de milliers d’œufs non conformes aux normes européennes, en termes de règles sanitaires et de bien-être animal.

La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a annoncé un renforcement des contrôles.

Des importations en hausse en Europe

Les importations ukrainiennes sont en augmentation, à l’échelle de l’Union européenne (UE), depuis le début de la guerre en Ukraine. Kiev a été exempté de droits de douane sur les produits agricoles, ce qui lui a permis de devenir le premier pays importateur d’œufs dans l’UE. En 2024, 75 000 tonnes d’œufs ukrainiens ont été importées sur le territoire européen, soit dix fois plus qu’en 2022.

Toutefois, comme le rappelle France Info, la France consomme avant tout sa propre production, qui s’élevait à 15,4 milliards d’œufs en 2024.

Par ailleurs, sur les cinq premiers mois de 2025, seuls 13 tonnes d’œufs ont été importées d’Ukraine en France. Ce qui représente, selon les chiffres des douanes françaises, seulement un centième des œufs consommés par l’ensemble de la population française en une journée.

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Un double discours des enseignes

Les supermarchés français peuvent commercialiser des œufs non conformes aux normes européennes, à condition d’apposer une mention sur l’emballage. Ces normes font référence aux conditions d’élevage des poules pondeuses. Ainsi, dans des pays hors UE, les éleveurs ne sont pas obligés de respecter les règles de taille de cage, de densité dans les poulaillers ou de déplacement des poules.

Mais selon le CNPO, ces œufs pourraient contenir des antibiotiques interdits dans l’Union européenne. C’était notamment le cas dans un supermarché Leclerc à Rouen, où le distributeur a reconnu les faits, en parlant toutefois d’un cas isolé. Carrefour, également soupçonné, affirme ne pas avoir commercialisé un seul de ces œufs.

Le système d’alerte qui signale les problèmes relatifs aux produits agroalimentaires dans l’UE (Rasff) a recensé quatre contrôles en juillet et août ayant révélé la présence d’antibiotiques interdits dans des œufs en provenance d’Ukraine.

Le Comité évoque un « risque sanitaire important » et accuse les distributeurs de double discours. Ces derniers demandent en effet aux éleveurs de réduire les élevages en cage, voire refusent de commercialiser des œufs code 3, alors qu’ils acceptent d’en importer à moindre coût depuis l’Ukraine.

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a réagi devant la presse, demandant « une vigilance accrue en matière de contrôles sanitaires sur notre territoire. Ce renforcement des contrôles doit surtout se faire au niveau européen : je porte dès à présent cette demande auprès de la Commission européenne ».

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