Les périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes mettent en danger les habitations. Des fissures apparaissent sur les façades, mais les habitants ont le plus grand mal à obtenir gain de cause auprès de leur assureur.
Sécheresse = catastrophe naturelle ?
Une enquête de “60 millions de consommateurs” révèle les difficultés auxquelles sont confrontés communes et habitants face à des compagnies d’assurance qui trouvent tous les prétextes pour ne pas indemniser les victimes. Des litiges pouvant aboutir à des recours en justice, qui durent bien souvent plusieurs années…
La première étape en cas de dégâts liés a priori à la sécheresse est de faire reconnaître la commune en état de catastrophe naturelle. Un prérequis indispensable pour être indemnisé. Or, en 2021, seules 14,41 % des requêtes communales ont obtenu satisfaction.
Procédures longues
Une fois cette première étape franchie, les habitants sont soumis à un véritable parcours du combattant. Pour obtenir une indemnisation de la part de leur compagnie d’assurance, celle-ci doit établir que les mouvements de terrain consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols sont bien la « cause déterminante » des dégâts. Or bien souvent, les assureurs réfutent cette corrélation.
Selon France Assureurs, la fédération des entreprises du secteur de l’assurance, plus de la moitié (53 %) des 196 000 déclarations de sinistres sécheresses effectuées entre 2015 et 2018 ont été classées sans suite.
Les experts dépêchés par les assureurs invoquent d’autres causes aux fissures, telles que des problèmes de qualité dans la construction, des fondations qui ne sont pas suffisamment profondes, des maisons déjà fragilisées, la trop grande proximité des arbres, des fuites importantes au niveau du système de rejet des eaux usées…
Des conclusions très souvent contestées par d’autres experts indépendants, auxquels les particuliers font appel pour réaliser des contre-expertises. Pour la plupart d’entre eux, les causes invoquées par les experts des assurances sont des facteurs aggravants qui ne remettent pas en question la cause principale qui reste la sécheresse, impliquant donc une indemnisation.
A lire aussi : “Dysfonctionnements MaPrimeRénov’“
Travaux coûteux et dépression
Par ailleurs, de nombreux sinistrés font réaliser des études de sol à leurs frais (entre 3 000 et 5 000 €) auxquels s’ajoutent les montants des travaux à entreprendre. Plusieurs milliers d’euros sont parfois nécessaires et là encore, les compagnies plafonnent le montant de la prise en charge ce qui met davantage en difficulté les sinistrés. D’autant plus que certains sont contraints de vider leur maison et de se reloger ailleurs plusieurs mois, à leur frais également.
Ces difficultés matérielles et financières vont de paires avec la souffrance psychiques que la situation entraîne. “Le stress et la fatigue, les périodes de dépression, les pertes d’emploi, les divorces… les sinistrés sont parfois désespérés. Ils se sentent abandonnés lorsque leur commune n’obtient pas le classement CatNat ou que leur assurance refuse de les indemniser. Après plusieurs années de combat perdu, des propriétaires sont obligés de continuer à vivre dans une maison prête à s’écrouler à tout moment. », témoigne Mohamed Benyahia, président de l’Association urgence maisons fissurées de la Sarthe (AUMF-Sarthe).
Pour Yves Moalic, de l’association Les Oubliés de la canicule, c’est une véritable “guerre d’usure (…) Les compagnies comptent sur les clients qui finissent par abandonner. Les sinistrés les plus pugnaces et “menaçants”, ceux qui prennent un avocat, ont plus de chances de finir par être indemnisés. » Or tout le monde n’a pas les moyens d’y avoir recours…
Dans son hors-série « Sécheresse : sauver sa maison », le magazine “60” donne des conseils pour faire valoir ses droits, mais également pour tout mettre en œuvre dans un projet de construction pour limiter les risques de malfaçons.