Les supermarchés français en retard sur la transition alimentaire

Contrairement à nos voisins européens, les enseignes de grande distribution en France sont en retard sur leur transition alimentaire. Notamment sont pointés du doigt les produits carnés et ultra-transformés, prédominants dans les rayons.

Le groupement d’association Réseau action climat a publié un rapport dans lequel les auteurs passent au crible les pratiques de grandes surfaces* en matière de durabilité et de transition alimentaire.

Les produits gras, sucrés et salés trop mis en avant

Aujourd’hui, 78 % des achats de « produits alimentaires consommés à domicile » sont réalisés dans les grandes surfaces. Après deux années d’inflation, la précarité alimentaire s’est aggravée et les maladies chroniques liées à l’alimentation ont progressé. Réseau action climat indique également que notre alimentation représente « 24 % de nos émissions de gaz à effet de serre, dont les deux tiers proviennent de la consommation de viande et de produits laitiers ».

Les produits à base de viande et les produits carnés ultra-transformés sont toujours surreprésentés dans les rayons. Dans les magasins consultés, seuls 8 % en moyenne des plats préparés n’incluaient ni viande ni poisson, une proportion similaire à celle observée en 2023. Or, cette tendance va à l’encontre des conseils nutritionnels officiels qui suggèrent de réduire la consommation de viande et de charcuterie, tout en privilégiant les protéines végétales.

En outre, ce type de produits est particulièrement mis en avant dans les catalogues de promotions, au détriment des aliments végétaux de qualité.

Le rapport souligne la responsabilité des enseignes face aux enjeux d’accès à une alimentation saine, durable, choisie et rémunératrice, notamment en raison de « son pouvoir sur l’amont des filières comme sur les consommateurs ».

Mais toutes les enseignes ne se valent pas car si certaines ont fait des efforts, d’autres demeurent très opaques sur leurs pratiques.

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Nos voisins européens plus engagés dans la transition alimentaire

Si le rapport note des progrès en termes de transparence et d’engagement en faveur du climat, il souligne des retards en matière de transition alimentaire par rapport aux autres supermarchés d’Europe.

Dans certains pays, notamment en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, les pouvoirs publics ont adopté des lois et stratégies ambitieuses. Parmi celles-ci, des objectifs de réduction de gaz à effet de serre plus drastiques et à court terme, des campagnes de communication et des promotions qui ciblent spécifiquement les aliments sources de protéines végétales, des alternatives végétales plus accessibles financièrement, la restriction du marketing sur les produits « trop gras, trop sucré, trop salé », etc.

En attente d’actions ambitieuses des pouvoirs publics

Le gouvernement français doit publier sa Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) d’ici l’été 2025. Pour le Réseau action climat, il est « indispensable » que la Snanc interdise la publicité et le marketing pour les produits trop gras, sucrés et salés, en particulier lorsque les enfants sont ciblés.

Cette stratégie doit également « fixer des objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande », « favoriser la consommation de viande de qualité produite en France » et « garantir aux éleveurs une juste rémunération, tout en développant la consommation et la production de légumineuses ». Le rapport conclut que sans tous ces efforts, « la transition alimentaire n’aura pas lieu ».

*Aldi, Auchan, Carrefour, Coopérative U, Intermarché, Leclerc, Lidl, Monoprix

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