Une nouvelle étude de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), parue le 1er février dernier, anticipe une hausse de 35 millions de nouveaux cas de cancer à l’horizon 2050, soit 77 % de plus qu’en 2022.
Premier coupable : les gaz d’échappement
La principale cause de cette flambée de cas serait due à la pollution atmosphérique, en particulier la pollution aux particules fines. Le Dr Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer, explique que l’une des principales sources est le diesel des pots d’échappement dont les particules fines peuvent « descendre dans l’arborescence du poumon, jusqu’aux alvéoles ».
Lorsque les cellules de défense tentent de les supprimer, une inflammation et un dérèglement peuvent survenir. Ainsi, plutôt que de se répliquer de façon saine, les cellules deviennent cancéreuses, générant une tumeur.
La démographie également en cause
Toutefois, deux autres facteurs sont responsables de cette forte augmentation. D’une part, la démographie, car le nombre d’êtres humains étant en hausse, les cas de cancer le sont également par un simple biais arithmétique. D’autre part, le vieillissement de la population qui entraîne également des cas de cancer plus nombreux, cette maladie résultant d’un problème d’immunité qui baisse avec l’âge.
L’étude souligne également qu’un meilleur diagnostic des cas entraîne une hausse statistique. Ce qui ne signifie pas nécessairement que les cas sont plus nombreux, mais simplement que nombre d’entre eux n’étaient pas détectés auparavant.
En outre, l’épidémiologiste Catherine Hill indique qu’on observe des situations de “surdiagnostic”, où présence de cellules cancéreuses et cancer à proprement parler sont confondus. Ce qui tend à biaiser les chiffres, car « toutes les cellules cancéreuses ne donnent pas lieu à des cancers symptomatiques » explique-t-elle.
Par ailleurs, l’épidémiologiste rappelle que les principales causes de cancer demeurent le tabac et l’alcool. Et c’est la combinaison des différents facteurs qui engendre une démultiplication du risque.
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Inégalités face à la pollution atmosphérique
Enfin, nous ne sommes pas tous égaux face à la pollution atmosphérique car nous ne respirons pas tous le même air. « Dans les grandes villes de Chine, d’Inde, d’Amérique du Sud (…), la pollution est telle que des nuages de particules se forment. Sous ce ‘smog’, les gens développent des cancers du poumon, exactement comme dans l’Angleterre de la révolution industrielle », constate Emmanuel Ricard.
Ces pays en développement font bien souvent les frais de la délocalisation des usines polluantes des pays industrialisés ainsi que de l’usage de dérivés pétroliers de moins bonne qualité : « Les diesels utilisés sont encore plus riches en soufre et en azote que ceux rejetés en Europe », explique Emmanuel Ricard.
Aussi, ces pays devraient faire face de manière bien plus importante à une hausse des cas de cancer dans les années à venir, tandis que la qualité de l’air en France s’améliore avec une incidence positive sur les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, les infarctus et les cancers.