Un « éco-score » pour noter nos vêtements

Les systèmes de notation se multiplient pour aider le consommateur à y voir clair sur l’impact sanitaire et environnemental des produits qu’il achète. Après l’alimentation, c’est le textile qui se verra attribuer prochainement une note : un « Eco-score ».

Infernale mode jetable

Nous nous procurons 40 % de vêtements de plus qu’il y a 15 ans et leur utilisation a été réduite d’un tiers.

L’industrie du textile est l’une des plus polluantes au monde. D’après les chiffres de l’Ademe (Agence de la transition écologique), elle représente 7 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde (4 milliards de tonnes pour les vêtements et les chaussures). Nous nous procurons 40 % de vêtements de plus qu’il y a 15 ans et leur utilisation a été réduite d’un tiers.

Aujourd’hui, moins de 1 % des tissus qui composent les vêtements sont recyclés pour en faire de nouveaux. L’industrie textile constitue également le troisième secteur consommateur d’eau, après la culture de blé et de riz.

Malgré la popularité grandissante de la seconde main, l’impact environnemental du secteur de la mode reste lourd en raison du développement en parallèle du phénomène de l’ultra fast fashion. Une mode encore plus jetable, avec des sites comme Shein ou Boohoo, qui proposent chaque jour des milliers d’articles neufs à très bas prix, fabriqués en Chine dans des conditions indignes.

Ces vêtements de piètre qualité sont vite mis au rebus. Ils finissent ainsi « dans d’immenses décharges, brûlés sur des feux ouverts, le long des lits de rivière et rejetés dans la mer », dans des pays comme le Kenya et la Tanzanie, dénonçait l’ONG Greenpeace en avril 2022.

De plus, le leader chinois Shein est mis en cause par Greenpeace Allemagne sur l’impact sanitaire des vêtements vendus sur la plateforme. Selon un rapport (en allemand) paru le 23 novembre 2022, ils contiendraient des « substances chimiques dangereuses ». Sur les 47 articles achetés (vêtements et accessoires pour adultes et enfants), 15 % contenaient « des produits chimiques dangereux dépassant les limites fixées par le règlement européen sur les produits chimiques (REACH) » et 32 % des « produits chimiques dangereux en quantités inquiétantes ».

Si ces pratiques en ligne commencent à être bien connues, et que les enseignes de fast fashion sont pointées régulièrement du doigt, difficile toutefois de connaître l’impact réel des vêtements achetés en magasin. Ainsi, dans une tribune publiée jeudi 24 novembre sur le site du quotidien Ouest France, la secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Bérangère Couillard, et le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchu, ont annoncé la mise en place d’un Eco-score pour les vêtements d’ici la fin de l’année 2023.

Eco-score : Système de notation des vêtements

Le système de notation s’échelonnera de A à E en fonction de l’empreinte environnementale des vêtements.

À l’instar du Nutriscore, qui octroie une note aux aliments en fonction de leurs qualités nutritionnelles, l’Eco-score devrait reposer lui aussi sur un système de notation s’échelonnant de A à E en fonction de l’empreinte environnementale des vêtements. Le ministre explique que grâce à ce dispositif, « les Français disposeront d’une information claire et simple de l’impact des vêtements proposés à la vente, et pourront ainsi choisir les produits les plus respectueux de l’environnement ».

Les critères ne sont pas encore définis. Le ministère de la Transition écologique travaille actuellement avec les entreprises du textile et les associations de consommateurs pour les fixer. L’empreinte carbone sera prise en compte, mais également la provenance des matières premières (issues du pétrole ou du recyclage) ou la consommation d’eau par exemple.

À l’heure actuelle, treize marques de textile françaises se sont engagées à mettre en place une note environnementale sur leurs vêtements : Lacoste, Decathlon, Aigle, Chantelle, Okaïdi, Dim Hanes, Celio, Bonobo, Tape à l’œil, Pimkie, Jules et Grain de Malice.

Pour le développement de l’Eco-score, la Commission européenne a choisi de s’appuyer sur la méthode PEF (Product Environmental Footprint). Elle repose sur un mode de calcul multicritères comprenant une dizaine de paramètres : consommation d’eau, utilisations des sols, empreinte carbone, épuisement des ressources…

A lire aussi : « Allégations nutritionnelles : sont-elles fiables ?« 

Consommer le vêtement différemment

Face à l’urgence climatique, consommateurs et entreprises sont incités à changer leurs habitudes. D’un côté, les professionnels sont poussés vers des dispositifs de financement pour les accompagner dans leurs projets de recherche ou leurs initiatives de verdissement de leurs activités. C’est le cas du « pack éco-conception » de l’Ademe, mis en œuvre dans le cadre du Plan France Relance. Autre outil pour les acteurs de la filière textile : la plateforme dédiée à l’éco-conception des produits TLC (textile, linge de maison et chaussures) mise à disposition depuis 2020 par l’éco-organisme Refashion. Elle présente une base de connaissances, des articles de veille technique et réglementaire ainsi que des conseils pratiques et des retours d’expériences sur l’éco-conception.

Du côté des consommateurs, l’Ademe met régulièrement en place des outils de sensibilisation, tels que le guide « Le revers de mon look ». Ce dernier permet de mieux connaître l’impact de nos vêtements et chaussures sur la planète, mais apporte aussi des solutions alternatives (choix des tissus, connaissance des labels, préférence pour la seconde main et/pour les marques éthiques, conseils d’entretien des textiles, incitation à la réparation et au recyclage…) avec de nombreuses ressources.

Des solutions locales

Les marques éthiques sont plus chères à l’achat, mais de bien meilleure qualité, durent dans le temps, peuvent se transmettre. Si votre budget ne vous le permet pas, n’hésitez pas à rechercher des articles par marque dans le secteur de la seconde main. Ils seront plus abordables tout en ayant accès à des vêtements de qualité.

Par ailleurs, plusieurs acteurs de l’économie sociale et solidaire et du commerce équitable en France et dans le Grand Est offrent des alternatives à la fast fashion, à prix raisonnables.

En premier lieu, dans le secteur de la seconde main, l’entreprise d’insertion Le Relais Est collecte, trie et valorise des vêtements et chaussures qui sont revendus à petits prix via 11 boutiques à travers la région. Depuis 2021, la SCOP s’est lancée dans la création d’une marque d’upcyling, Les Surcyclés du Léopard, qui consiste à créer des vêtements à partir de pièces destinées à être jetées.

La boutique strasbourgeoise Le Léopard dispose d’ailleurs d’un espace dédié sur la plateforme de vente en ligne solidaire Label Emmaüs (une alternative aux géants du secteur).

En second lieu, des acteurs du commerce équitable proposent la vente de vêtements et accessoires labélisés et certifiés, en matières biologiques, recyclées ou issues de filières du commerce équitable Nord/Sud. C’est le cas de Vet’Ethic à Nancy ou encore des boutiques Artisans du monde partout en France (et notamment à Saverne, Strasbourg, Colmar et Mulhouse).

Boutique du Léopard sur le site Label Emmaüs

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