La qualité de l’air intérieur est jusqu’à 10 fois moins bonne qu’en extérieur ! Un phénomène qui engendre divers symptômes, jusqu’à causer des décès. Quels sont les polluants de nos intérieurs et comment se prémunir ?
Les effets positifs d’une bonne qualité de l’air intérieur ne sont plus à démontrer, tant celle-ci influe sur notre bien-être et notre capacité de concentration.
Or, nous passons en moyenne 85 % de notre temps dans des lieux clos (habitations, transports, bureaux, écoles…) où de nombreux polluants sont présents, rendant la qualité de l’air jusqu’à 10 fois moins bonne qu’en extérieur. Ce phénomène favorise divers symptômes, tels que fatigue ou nausées, et des pathologies respiratoires. .
En France, la mortalité totale engendrée par les polluants de l’air intérieur est de près de 20 000 personnes par an (données Anses).
Une question de santé publique
Depuis la loi n°2010-788 du 12 Juillet 2010, le suivi de la qualité de l’air intérieur est une obligation réglementaire dans les ERP (établissements recevant du public), particulièrement les bâtiments accueillant des populations sensibles ou exposées sur de longues périodes.
C’est le cas des crèches et accueils de loisirs, des écoles, des collèges et lycées, des établissements accueillant des personnes âgées, des piscines couvertes et des établissements sanitaires et sociaux avec hébergement. Un nouveau dispositif est entré en vigueur le 1er janvier 2023 (évaluation annuelle des moyens d’aération, autodiagnostic tous les 4 ans…) et est obligatoire désormais dans tous les établissements accueillants des enfants.
Le plan national Santé Environnement (PNSE 4) prévoit également plusieurs mesures pour améliorer la qualité de l’air dans les habitations, dont l’accompagnement des acteurs du bâtiment sur les enjeux de la qualité de l’air intérieur, la vérification obligatoire des installations de ventilation lors de la réception des bâtiments neufs et l’intégration d’une information sur les conditions d’aération et de ventilation dans le diagnostic de performance énergétique.
En parallèle, un service numérique, Recosanté, permet aux citoyens de consulter gratuitement les indicateurs environnementaux de leur commune et les recommandations sur la pollution domestique.
Quelle pollution dans les logements ?
En plus des polluants extérieurs, l’air intérieur concentre ceux provenant du logement : matériaux d’isolation, peintures, produits de décoration, insecticides et autres aérosols. Ces produits chimiques contiennent des COV (composés organiques volatils), dont la diffusion aérienne est à l’origine notamment de troubles cardiaques et du développement de certains cancers.
À cela s’ajoutent des polluants biologiques, comme les acariens, les virus et les bactéries.
Particulièrement dangereux, le monoxyde de carbone (CO) provient surtout des chaudières mal paramétrées ou dont la combustion est incomplète. Lorsqu’il est concentré, ou à défaut de ventilation, ce gaz inodore et incolore devient mortel (une centaine de décès annuels en France, selon l’Agence Régionale de Santé Grand Est).
Le contexte actuel d’augmentation du coût de l’énergie est un facteur de risque accru d’intoxications, lié à l’utilisation de moyens de fortune pour se chauffer, au calfeutrage des systèmes d’aération ou à l’utilisation d’appareils vétustes ou non entretenus.
Les particules fines issues du tabagisme impactent elles aussi les voies respiratoires des occupants d’un logement, stagnant dans l’air et imprégnant durablement les revêtements et tissus. La fumée de cigarette, avec la cinquantaine de substances chimiques cancérogènes qui la composent, se classe parmi les polluants les plus nocifs à la qualité de l’air intérieur. Selon l’Anses, plus de 1100 décès annuels sont causés par la fumée de tabac environnementale.
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Si la température et l’humidité ne sont pas des polluants à proprement parler, elles favorisent l’apparition de moisissures et de champignons, causant des allergies parfois sévères. L’air intérieur contient aussi du dioxyde de carbone (CO2) qui, bien que provenant naturellement de notre respiration, peut diminuer nos capacités psychomotrices et entraîner de la somnolence.
Pour mieux respirer, toute l’année
Lors de nos achats, nous pouvons éviter autant que possible les produits chimiques de synthèse et leur préférer ceux dont les impacts sont limités. Pour nous guider dans nos choix au moment de faire des travaux ou d’équiper notre logement, les produits de construction et de décoration vendus en France sont soumis à une obligation d’étiquetage indiquant leur niveau d’émissions en polluants volatils, depuis le décret n°2011-321 et l’arrêté du 19 avril 2011 : ce niveau d’émissions est formalisé selon une échelle allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions).
À noter que, depuis 2009, plusieurs substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques sont interdites d’utilisation dans les matériaux de construction et les produits de décoration.
Une bonne qualité d’air dans les logements nécessite l’installation d’une ventilation performante, naturelle (bouches et grilles d’aération) ou mécanique (VMC), entretenue régulièrement. Et limiter le risque mortel lié au monoxyde de carbone implique de faire effectuer une maintenance annuelle de nos chaudières par un professionnel compétent.
Enfin, il demeure primordial d’aérer pendant une dizaine de minutes, plusieurs fois par jour, même en hiver. À cette période, en effet, nous avons tendance à vouloir empêcher l’air froid d’entrer dans nos espaces. Ainsi confinées, nos habitudes de vie empoisonnent l’air : bougies, parfums, détergents, tabac…
Dans la mesure où nous ne pourrions pas nous passer de ces habitudes, mieux vaut ouvrir largement les fenêtres, au moins le temps de nous y adonner, en toute saison, surtout au moment de cuisiner, bricoler ou faire le ménage.