Hexane : des résidus d’hydrocarbure dans nos estomacs ?

L’hexane, un solvant alimentaire dérivé du pétrole, nourrit de vives inquiétudes en matière de santé publique.

Inconnu du grand public, l’hexane est pourtant une substance qui se trouve sous forme de résidus dans de nombreux produits de consommation courante, tels que les huiles de colza et de tournesol, les margarines, les laits infantiles, le beurre de cacao et certains aliments pour animaux d’élevage. Ce solvant permet en effet d’extraire de l’huile végétale à partir de graines de colza, de soja ou de tournesol broyées.

Toxicité de l’hexane par inhalation connue

L’hexane est classé comme « auxiliaire technologique » par la réglementation européenne et, de ce fait, n’est pas considéré comme un ingrédient. Bien que les résidus de cette substance soient autorisés dans des proportions encadrées, l’hexane inquiète certains responsables politiques, notamment suite à la parution d’un article à ce sujet dans Libération le 25 octobre dernier.

La toxicité de l’hexane par inhalation est documentée de longue date puisque dès 1973, cette substance a été identifiée comme cause de maladies professionnelles chez des ouvriers en France. Elle peut provoquer des faiblesses et des paralysies musculaires ainsi que des effets potentiels sur le système reproductif féminin et masculin en cas de forte exposition.

Des dispositions ont été prises depuis pour protéger les professionnels ; toutefois, le chercheur Christian Cavotto indique que des études ont démontré « la présence de son métabolite toxique, le 2,5-HD, dans les urines pas seulement des travailleurs exposés professionnellement mais aussi de la population générale ».

De son côté, l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) se veut rassurante, bien qu’elle précise que le manque de données sur ce produit « ne permet pas une évaluation complète du risque posé par l’exposition à l’hexane ».

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L’hexane absente des étiquettes

Impossible de savoir en rayon si un produit alimentaire contient de l’hexane…

Autorisée dans l’alimentation au sein de l’Union européenne depuis 2009, cette substance n’est pas présente sur les étiquettes des produits alimentaires susceptibles de contenir des résidus.

Pourtant, selon l’Efsa, des traces de ce solvant ont été retrouvées en trop grande quantité dans certains produits comme le lait, la viande ou encore les œufs.

Pour le député MoDem Richard Ramos, « la sécurité du consommateur n’est pas assurée ». L’élu appelle le gouvernement à « prendre ses responsabilités » et souhaite que les producteurs d’hexane – tels que Shell ou Total – soient taxés. Richard Ramos espère qu’une étude pourra être réalisée pour évaluer la contamination de la population française.

Appliquer le principe de précaution

Une investigation plus poussée pourrait aboutir à une obligation pour les professionnels de l’agroalimentaire de recourir à des mélanges plus purs (mais aussi plus chers) – voire des alternatives – comme c’est déjà le cas dans l’industrie du médicament.

En conclusion de l’article de Libération, un toxicologue de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement explique que les personnes souhaitant appliquer le principe de précaution dans leur cuisine devraient se tourner vers l’huile d’olive extraite à froid de façon mécanique ou privilégier les produits bio, garantis sans hexane.

Si le consommateur se trouve encore une fois pris au piège du dilemme bénéfice-risque, le scientifique se réjouit des techniques de détection des résidus qui s’améliorent et des normes qui se durcissent : « L’Europe nous protège mieux qu’avant », conclut-il.

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