Gratuité des transports collectifs : un bon système ?

Dans un communiqué, la Fnaut (Fédération nationale des associations d’usagers des transports) fait part de ses réflexions sur la gratuité des transports collectifs urbains et leur financement. Instauré dans certaines collectivités, ce modèle n’est pas toujours le plus adapté ; l’important réside selon l’association dans le volume et la qualité de l’offre.

Au début de l’année 2025, 40 réseaux de transports en commun (TC) sont en gratuité totale, ce qui représente 2 millions de personnes, dont 6 réseaux de plus de 100 000 habitants. Le financement des TC repose sur trois piliers : collectivités territoriales, entreprises, utilisateurs. La gratuité pour les usagers prive donc les réseaux de l’un de ces piliers, ce qui nécessite de revoir certains arbitrages.

La gratuité des transports n’est pas sans frais

La Fnaut rejette le terme de « gratuité » car en réalité, les TC ne sont pas gratuits. En effet, même si les usagers ne paient pas le service, celui-ci a un coût. Pour la Fédération, « il serait plus juste de parler de « mutualisation du coût du transport public », d’ »accès libre » ou d' »abonnement collectif » ».

Les motivations pour instaurer la gratuité sont diverses : volonté de redonner du pouvoir d’achat, amélioration de la mobilité pour toute la population, en encourageant le report modal (à savoir le report d’une partie du flux associé à un mode de transport vers un autre). L’objectif est de réduire le trafic motorisé, en incitant les automobilistes à délaisser leur voiture au profit d’autres moyens de locomotion.

Des alternatives à la gratuité totale

Le développement de nouveaux services ou encore le renouvellement des flottes (de bus, de tram…) font partie de l’attractivité des transports en commun

Pour la Fnaut, « la gratuité influence ainsi la perception du transport collectif comme bien commun, accessible à toutes et tous et financé par la solidarité collective ». Elle permet également de faire des économies sur la billettique et le contrôle (le problème de la fraude ne se poserait plus), sauf lorsque la gratuité est circonscrite aux seuls habitants de la collectivité.

Cependant, la Fnaut prône des alternatives à la gratuité totale (tarification solidaire, gratuité pour certaines populations en particulier les plus précaires ou les mineurs…), bien que la nécessité d’effectuer des démarches pour obtenir un titre de transport gratuit est susceptible d’engendrer des phénomènes de non-recours aux droits.

Une gratuité parfois contre-productive

La gratuité n’est pas sans risque pour les collectivités, qui seraient privées d’une de leurs ressources dans un contexte économique délétère de restrictions budgétaires. En outre, la Fnaut craint que la gratuité nuise à terme aux investissements destinés à améliorer et diversifier l’offre de TC.

Or, le développement de nouveaux services ou encore le renouvellement des flottes (de bus, de tram…) font partie de l’attractivité des TC. La gratuité peut donc se révéler contre-productive. « La Fnaut a surtout toujours souligné que le succès d’un réseau de TC dépend avant tout de la qualité et de la permanence de l’offre : rapidité, fréquences et amplitude, proximité et maillage, fiabilité, facilité d’usage. Le prix n’a qu’un rôle limité ».

A l’approche des élections municipales, il est probable que le débat sur la gratuité des TC ressurgisse ; la Fédération dit se montrer attentive et veiller à mettre en avant « la nécessité d’augmenter le volume et la qualité de l’offre afin d’améliorer réellement la mobilité de la population et de faire évoluer les habitudes de déplacement ».

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