Que deviendraient les fêtes de fin d’année sans dégustation de gourmandises chocolatées ? Il serait possible de se rattraper à la Saint Valentin, Pâques ou lors d’un anniversaire. Bref, toutes les excuses seraient bonnes pour une pause chocolat.
La demande en cacao est plus élevée que jamais. Sa consommation pourrait faire un bond de 20 % entre 2020 et 2025. Étudié sous toutes les coutures, le cacao est un terroir avec ses particularités, à l’image du café ou du vin.
Qu’est-ce qui se cache derrière une tablette de chocolat ?
Un Français consomme en moyenne 7 kg de chocolat par an. Tout juste 5 % de ce chocolat, 330 grammes, provient de cacao équitable. Le 1er octobre 2022, à l’occasion de la Journée Mondiale du Cacao, Max Havelaar France, ONG en faveur d’une économie mondiale éthique et responsable, a lancé l’alerte sur la réalité de la production du chocolat. Le cacao est coté en bourse, aux antipodes des réalités vécues par les producteurs, en Afrique, au Ghana ou en Côte d’Ivoire ou encore en Amérique latine, comme au Pérou.
L’industrie du cacao est bien éloignée de la magie de Noël : 3 multinationales se partagent 60 % de la production mondiale de cacao et les conditions de travail des cacaoculteurs sont inadmissibles. Pauvreté, insécurité alimentaire, travail des enfants et travail forcé, la liste est longue, et lourde de conséquences. Pourtant, le secteur pèse 100 milliards de dollars, correspondant à l’utilisation de 5 millions de tonnes de fèves de cacao.
Les conséquences environnementales de la filière agricole conventionnelle sont catastrophiques : accaparement des terres, déforestation et modes de production inadaptés, aux dépens de la biodiversité locale et de la préservation des sols. Le cacao issu de plantations non durables contribue à la déforestation importée qui couvre l’importation de matières premières ou de produits transformés dont la production a contribué, directement ou indirectement, à la déforestation et dégradation des forêts.[1] En 50 ans, 90 % de la forêt primaire a disparu en Côte d’Ivoire, notamment pour produire du cacao et devenir son 1er producteur mondial, au profit de l’Etat mais pas pour les producteurs. Le paradoxe étant que le cacao est une culture nécessitant une couverture forestière pour prospérer.
Comment faire évoluer le système ?
Sans nous consommateurs, pas d’évolution possible du marché. La surconsommation de cacao, comme de viande, peut menacer l’équilibre des milieux naturels. Croquer dans un chocolat paraît banal, mais c’est aussi faire un choix. Un choix pour la planète et ses écosystèmes et un choix pour les femmes et les hommes qui travaillent les matières premières.
Grâce au commerce équitable, qui permet une juste rémunération des travailleurs, le constat alarmant sur la filière du cacao n’est pas une fatalité. Il est possible de mieux payer les agriculteurs sans impacter le pouvoir d’achat des consommateurs. Le prix d’achat aux producteurs représente seulement 6 à 7 % du prix final du chocolat.[2]
Améliorer les conditions de travail va de pair avec des filières cacao durables basées sur l’agroforesterie, système complexe aux bénéfices sociaux, environnementaux et économiques. L’initiative Française pour un Cacao Durable[3] signée en 2021 est une grande avancée. Les acteurs du secteur du cacao en France se sont engagés à assurer un revenu décent aux cacaoculteurs d’ici 2030 et à accélérer la lutte contre le travail des enfants. Par ailleurs, le 6 décembre dernier, un accord européen a été voté pour interdire l’importation de plusieurs produits, dont le cacao, lorsqu’ils contribuent à la déforestation.
Le commerce équitable : levier de transformation
Le commerce équitable transforme la vie des coopératives en leur donnant accès au marché international et à de la valeur ajoutée, en général aux mains de multiples intermédiaires, exportateurs comme distributeurs.
La démarche équitable permet aux producteurs de retrouver la maîtrise de la qualité de leur filière, voire de se la réapproprier en se tournant par exemple vers l’agroforesterie – sources de revenus supplémentaires et de résilience face aux aléas du climat avec des terres plus riches et fertiles. Peu de producteurs fabriquent eux-mêmes leurs produits finis comme des tablettes, mais le développement de filières équitables encourage des changements. La structure Fairafric, proposant des tablettes 100 % Origine Ghana, est un parfait modèle.
En consolidant leur capacité de négociation, les coopératives équitables peuvent peser sur l’économie mondiale et sur le futur de notre terre en limitant la déforestation, fléau de la culture du cacao plus encore en Afrique de l’Ouest. Cette influence est aussi politique puisque la Commission européenne travaille depuis 2021 à interdire l’importation de produits issus de terres déboisées, comme le soja, le café ou le cacao.
Consommer équitable en Alsace
En Alsace, de nombreuses boutiques spécialisées ou de la grande distribution proposent coffrets ou ballotins de cacao labellisés commerce équitable, une belle idée cadeau pour les fêtes ! Fairtrade Max Havelaar, Fair For Life, SPP Biopartenaires, ces labels transparents sont des garanties sûres.
La traçabilité est primordiale pour consommer équitable. Les marques transparentes indiquent le pays d’origine et le nom de la coopérative productrice. De plus, la présence d’un label doit guider les achats. Si la jungle des labels reste infranchissable, il est possible de se rendre au stand du Colecosol au Marché OFF Place Grimmeissen, à Strasbourg. Venez découvrir du chocolat Fairafric ou encore des chocolats et ballotins Artisans du Monde.
Notre dernier numéro est consacré aux fêtes de fin d’année : sapin de Noël, cadeaux, repas, marchés de Noël : comment choisir? Quelles garanties? Comment éviter le gaspillage?
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[1] https://www.ecologie.gouv.fr/
[2] La face cachée du chocolat, Le Basic, 2016.
[3]https://www.ecologie.gouv.fr/initiative-francaise-cacao-durable
