Le printemps est la période de production de la bière du même nom, reconnaissable à sa fraîcheur et ses notes fruitées. Cette saison est l’occasion de nous pencher sur le succès des bières dites « artisanales », et de comprendre pourquoi les consommateurs semblent de plus en plus enclins à s’y intéresser.
Une consommation en pleine évolution ?
La France est le 8ème pays producteur de bière en Europe, mais occuperait la 1ère place en matière de nombre de brasseries : elle en compte environ 2 500 à travers le territoire. Leur production représenterait 70% de la consommation nationale, estimée à 33 litres en moyenne par an et par habitant selon les données de l’Association des Brasseurs de France.
Les habitudes de consommation d’alcool des Français sont en pleine évolution. Les derniers chiffres de l’institut d’études de marché IRI Worldwide révèlent que, sur l’ensemble des ventes d’alcool dans les supermarchés, les ventes de bières seraient passées de 36,1 % en 2007 à 51,4 % au premier semestre 2022, quand celles du vin seraient passées de 42,2 % à 31,1 %.
À noter que, si la pandémie de Covid-19 a durement affecté de nombreux secteurs d’activités, la bière a fait preuve de résistance, déployant des trésors d’inventivité pour répondre aux nouvelles attentes des Français. Ceux-ci voudraient consommer moins mais mieux, préférant une bière de qualité aux saveurs originales à l’uniformité des bières industrielles.
À cela s’ajoute la tendance de fond qui concerne presque tous les secteurs : l’attrait pour la production locale.
Ainsi, aujourd’hui, 58% des consommateurs de bières privilégient les productions locales, comme l’indiquent les résultats du dernier baromètre Sowine Dynata.
Une dénomination encadrée
Boisson obtenue par fermentation d’un moût issu du malt de céréales (orge, blé, avoine), d’eau potable et de houblon, la bière est exclusivement composée d’ingrédients d’origine végétale. Le brasseur peut donc ajouter à sa recette des herbes aromatiques, épices, fleurs, graines ou zestes d’agrumes.
Outre les levures utilisées au cours de la fermentation, le miel est la seule substance d’origine animale autorisée dans la composition d’une bière. La DGCCRF encadre les mentions obligatoires ou optionnelles en matière d’étiquetages des bières.
A lire aussi : « Foires aux vins : déjouez les pièges !«
Brassage artisanal ou industriel ?
Malgré l’omniprésence de quelques grands producteurs, environ 94 % des entreprises du secteur sont des petites brasseries produisant de faibles volumes (moins de 200 000 hectolitres par an) selon les chiffres DGCCRF parus en 2019.
Souvent nées d’une reconversion professionnelle, ou d’une diversification d’activité, ces brasseries artisanales ne peuvent pour autant déroger aux obligations réglementaires concernant la fabrication et le commerce des alcools.
L’emploi du terme « artisan » et de ses dérivés est aussi réglementé : pour qu’une boisson ou une brasserie soit qualifiée d’artisanale, le brasseur doit être immatriculé au Répertoire des métiers, répondre aux exigences de qualification professionnelle et n’employer pas plus de 10 salariés.
Les brasseries artisanales peuvent être des vecteurs de développement économique local. C’est notamment le cas si leur approvisionnement en matières premières et leurs modes de distribution donnent la part belle aux acteurs du territoire, en intégrant une démarche circulaire : céréales de qualité produites sur place, commercialisation via des revendeurs locaux, don de drêches à des éleveurs pour l’alimentation des animaux, par exemple.
Parce qu’il permet la valorisation d’un terroir et que son impact écologique est minimisé, le brassage artisanal peut faire sens pour le consommateur comme pour le producteur. La qualité des ingrédients, la créativité des recettes et le temps de fabrication induisent des prix parfois plus élevés.
Pour être qualifiée de biologique, une bière doit avoir au moins 95% en poids des ingrédients issus de l’agriculture biologique. Elle peut alors faire référence à ce mode de production dans sa dénomination de vente, la liste de ses ingrédients ou sa publicité. Toutefois, les houblonniers certifiés bio sont peu nombreux aujourd’hui, ce qui peut amener les brasseurs à utiliser du houblon conventionnel… Une pratique autorisée sous réserve d’obtenir une dérogation de la part du ministère de l’Agriculture.
L’Alsace brassicole
Selon les sources, l’Alsace compterait environ 90 brasseries artisanales. Notre territoire concentre par ailleurs la plus grosse production de houblon du pays, avec plus de 450 hectares (chiffres du Comptoir Agricole publiés sur le site HOP France). De nombreuses brasseries alsaciennes tirent leur épingle du jeu en proposant des bières de qualité au caractère unique, faisant de la boisson houblonnée un véritable produit de dégustation et se démarquant ainsi des productions standardisées.
Il est possible de visiter différentes brasseries artisanales alsaciennes, pour mieux comprendre leur mode de production et la passion qui anime les brasseurs. La plateforme ZIGetZAG.info propose de découvrir des entreprises engagées pour produire et distribuer autrement une bière de qualité. Retrouvez plus d’informations sur ces producteurs locaux sur www.zigetzag.info.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. S’gilt !
