Nos emballages alimentaires comportent diverses allégations nutritionnelles. Certains aliments sont quant à eux désignés comme des « alicaments », en raison de leurs supposés bienfaits pour la santé. Que penser de toutes ces mentions ?
Les emballages alimentaires sont fréquemment estampillés de mentions du type « sans sucres ajoutés », « riche en vitamine C », « à teneur réduite en sel », et autres affirmations nutritionnelles. Des allégations également présentes dans les publicités et destinées à mettre en avant une propriété nutritionnelle particulière du produit. Mais sont-elles fiables ? L’AFOC répond dans l’émission Consomag du 22 février 2022.
Les différentes allégations
L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) rappelle la définition d’une allégation qui est « un message, figurant sur certains emballages alimentaires ou accompagnant le produit (publicité, site internet), qui fait état des propriétés sanitaires et/ou nutritionnelles des aliments ou de leurs composants ».
Il existe deux types d’allégations : d’une part les allégations nutritionnelles qui font référence à la teneur d’un nutriment dans un aliment, d’autre part les allégations de santé qui établissent un lien entre un nutriment ou un aliment et l’état de santé. A noter qu’une allégation santé peut revendiquer la diminution d’un facteur de risque mais ne peut pas comporter de mention thérapeutique indiquant que l’aliment ou le nutriment prévient ou guérit une pathologie.
Allégations contrôlées
Depuis 2007, suite à la mise en application d’un règlement européen du 20 décembre 2006, ces allégations font l’objet d’une évaluation scientifique centralisée au niveau de l’Autorité européenne de sécurité des aliments. La DGCCRF (Répression des fraudes) explique sur son site : « Ce texte a pour objectifs principaux d’assurer une information loyale en matière de santé aux consommateurs européens et d’assurer une concurrence saine entre les opérateurs du secteur. Il dicte notamment les conditions selon lesquelles les allégations nutritionnelles et de santé peuvent être employées ».
La liste des allégations nutritionnelles autorisées figure à l’annexe du règlement (CE) n°1924/2006 susvisé. Les allégations de santé autorisées sont accessibles, quant à elles, dans le registre des allégations nutritionnelles et de santé de l’Union européenne, régulièrement mis à jour.
La DGCCRF communique sur son site internet les différents types d’allégations de santé répertoriés. Qu’elles soient nutritionnelles ou de santé, seules les allégations listées peuvent être utilisées (principe des listes positives).
Si un fabricant souhaite utiliser une allégation de santé ne figurant pas dans les listes positives du registre, il doit suivre les procédures d’autorisation prévues par le règlement (CE) n°1924/2006 en fonction du type d’allégation concerné.
Rappelons que si les allégations sont valorisantes, elles ne sont pas gages à elles seules d’une bonne alimentation, équilibrée et variée. En effet, un aliment ne peut être réduit à l’une ou l’autre de ses composantes nutritionnelles.
>>> A lire aussi : « Made in France : comment acheter vraiment français ?«
Informations intéressantes
Néanmoins, les allégations nutritionnelles donnent des informations utiles au consommateur. Par exemple, la mention « sans sucres » indique que l’aliment ne contient pas plus de 0,5 g de sucre pour 100 g ou 100 ml de produit.
De même, la mention « allégée en matières grasses » signifie que le produit contient au minimum 30 % de matières grasses en moins par rapport à un produit similaire.
Ces allégations n’englobent donc pas la composition totale du produit. Ainsi, les mentions « riche en vitamines / fer / minéraux… » ne dispensent pas l’aliment d’être trop gras ou trop sucré.
La liste des ingrédients avant tout
Dans l’émission Consomag, l’AFOC attire l’attention plus particulièrement sur l’importance de la liste des ingrédients, qui sont classés par ordre décroissant de contenance dans le produit. Mieux vaut privilégier les listes courtes et se concentrer sur les premiers ingrédients mentionnés.
Par ailleurs, le tableau nutritionnel donne également de bonnes indications sur la teneur des aliments en sucre, gras et sel. Attention à bien se fier à la colonne des teneurs pour 100 g ou 100 ml (et non à la colonne des teneurs par portion qui sont moins significatives, car tout le monde ne consomme pas un produit dans les mêmes quantités, malgré les recommandations inscrites).
Enfin, l’association de consommateurs rappelle qu’un produit peut comporter des allégations nutritionnelles tout en étant ultra-transformé, et donc peu qualitatif ni intéressant sur le plan nutritif.
Alicaments : arguments marketing ?
Le terme « alicament » vient de la contraction d’aliment et de médicament. Cette expression provient de la médecine traditionnelle chinoise qui confère une vertu curative à certains aliments.
Les professionnels du marketing et du commerce se sont appropriés ce terme pour vanter les bénéfices santé de leurs produits alimentaires. Si certains aliments peuvent en effet participer à la prévention ou au traitement de certaines maladies, il est à rappeler que du point de vue de la médecine occidentale, aucun aliment ne peut se substituer à un médicament !
Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’un aliment possède des vertus qu’il doit être consommé en excès. Au contraire, cela pourrait entraîner des problèmes de santé.
C’est ainsi que dans les rayons de nos supermarchés ont fleuri ces dernières années les aliments enrichis en oméga-3, en probiotique ou encore anticholestérol par exemple. Concernant les oméga-3, notre organisme n’est pas capable d’en produire mais ils lui sont pourtant indispensables. Nous avons tendance à en manquer, c’est pourquoi de nombreuses denrées s’en retrouvent enrichies par les industriels (beurre, huiles, produits laitiers, biscuits…).
Produits enrichis contre aliments naturellement riches
Mais il est possible d’augmenter nos apports via la consommation d’aliments naturellement riches en oméga-3 comme les poissons gras (saumon, sardine, maquereau…) ou encore l’utilisation d’huile végétale comme l’huile d’olive pour la cuisson ou l’huile de colza pour les assaisonnements.
Quant aux produits dits anticholestérol, ils ont un effet assez limité. Rappelons d’ailleurs que ce n’est pas tant le cholestérol en lui-même que son excès qui est néfaste. Or, seul un médecin peut diagnostiquer un taux de cholestérol trop élevé et prescrire un traitement adapté.
C’est pourquoi de tels produits doivent être utilisés dans le cadre d’un suivi médical. Ils ne doivent pas être consommés par les enfants ou les femmes enceintes car ils peuvent réduire l’absorption de provitamine A, dont les besoins pour ces populations sont plus élevés. La réduction du cholestérol peut être favorisée par une alimentation riche en fruits et légumes, ainsi qu’en céréales complètes, riches en fibres.
« Superaliments », des vertus surestimées ?
Le terme « superaliment » renvoie à des aliments tendances auxquels sont prêtées de nombreuses vertus nutritives. Ces promesses sont souvent exagérées comme l’indique le magazine Que Choisir dans un article publié en ligne le 23 janvier 2020.
Souvent exotiques, ces « superaliments » vont de pair avec une empreinte carbone importante alors que de nombreuses denrées plus locales disposent de caractéristiques similaires sur le plan nutritionnel. La baie de goji, principalement produite en Chine, est par exemple vantée pour ses propriétés antioxydantes. Il n’est pourtant jamais rappelé que ces dernières sont équivalentes à celles de la groseille ou la figue, et même inférieures à celles de la sauge ou de la marjolaine.
De la même manière, la graine de chia, originaire du Mexique, est de plus en plus présente dans nos assiettes en raison de sa richesse en oméga-3. Pourtant, les graines de lin ou de chanvre, qui sont cultivées en France, en sont aussi des sources importantes.
De manière générale, il convient de ne pas oublier que les apports de ces « superaliments » ne peuvent se suffire à eux-mêmes et doivent être envisagés dans le cadre de la consommation alimentaire globale des individus.