Plateformes de vidéo à la demande et de musique en streaming, salles de sport, transports, téléphonie mobile, Internet, mais aussi cinémas, supermarchés, prêt-à-porter ou restaurants… Aujourd’hui, il est possible de s’abonner à de nombreux services. Mais ces abonnements sont-ils vraiment intéressants ? Comment les optimiser pour faire des économies ?
Selon une étude Ipsos réalisée en partenariat avec Game Changers et Papernest en septembre 2021, les Français possèdent en moyenne 10 abonnements mais 35 % des sondés ne sauraient en communiquer précisément le nombre. Certains abonnements peuvent s’avérer particulièrement onéreux, voire inutiles. Une belle source d’économie en perspective !
Différents types d’abonnements
Plusieurs formules d’abonnements se côtoient, mais la plus classique et répandue reste celle qui se substitue à une série de ventes à l’unité. C’est le cas dans la presse écrite ou encore avec le système des AMAP (abonnement auprès de producteurs pour la livraison de paniers hebdomadaires de fruits et légumes). Dorénavant, de nombreux autres services fonctionnent selon ce principe, comme certains restaurants mais aussi les cinémas par exemple (avec des cartes « illimitées »). Cette pratique vise à fidéliser la clientèle.
Sur France Inter, Philippe Moati, Professeur d’économie à l’Université ParisCité, co-fondateur de L’Obsoco (Observatoire de la société de consommation), détaille les nouvelles formules d’abonnement qui ont vu le jour dernièrement. Ainsi, l’abonnement dit « privilège » permet de bénéficier d’avantages supplémentaires. C’est la formule choisie par des enseignes de la grande distribution qui offrent ainsi à leurs clients abonnés des remises sur les articles du magasin, la livraison gratuite…
Enfin, la troisième catégorie d’abonnement nouvellement apparue est la solution d’abonnement « serviciel », qui selon Philippe Moati augure d’une « mutation du modèle de consommation ». Il s’agit notamment de l’abonnement-location, qui consiste à payer des mensualités pour l’utilisation d’un équipement pendant une durée déterminée, tel que des appareils électroménagers ou du matériel de sport par exemple.
Ce type d’abonnement s’accompagne de plus en plus de services associés comme pour la location avec option d’achat (LOA) de véhicules à laquelle s’ajoutent l’entretien et la garantie… Le système d’autopartage fonctionne également ainsi : le paiement d’un abonnement offre l’accès à un parc de véhicules en libre-service dans une ville, et contribue à la réduction du nombre de voitures en circulation dans des zones urbaines denses.
La nouveauté réside donc dans l’accès à un panel de services via un paiement mensualisé qui nous fait passer de l’économie de la propriété à l’économie d’usage.
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L’usage plutôt que la propriété
La finalité de la consommation reste de profiter d’un produit ou d’un service pour obtenir des bénéfices ou résoudre un problème. Or, l’achat d’un bien ou d’un équipement ne répond pas toujours à cet objectif. Par exemple, si vous conduisez très peu et n’avez pas besoin d’un véhicule au quotidien, l’achat d’une voiture sera sans doute moins intéressant que l’abonnement en autopartage.
L’abonnement apparaît donc comme une alternative à la cession d’un droit de propriété sur un bien de consommation. Un système qui a émergé au début du XXe siècle. Comme le résume Philippe Moati, les commerçants deviennent aujourd’hui des « apporteurs de solutions plus que des vendeurs de produits ».
À partir de ce constat, nous pouvons imaginer un glissement de la société vers des pratiques davantage liées aux usages et à la fonctionnalité en nous poussant à recourir aux abonnements plutôt qu’à l’acte d’achat à proprement parler, qui pourrait reculer dans les années à venir.
Par ailleurs, cette démarche est en adéquation avec les préoccupations environnementales de plus en plus présentes à l’esprit des consommateurs. La logique d’abondance et d’accumulation de biens apparaît de moins en moins viable. La mutualisation des usages permet de réduire son empreinte écologique.
Mais selon Kevin Mellet, professeur assistant de sociologie à Sciences Po, chercheur au Centre de Sociologie des Organisations, intervenant également sur France Inter, les entreprises qui proposent ces formules d’abonnement ne le font pas uniquement dans ce but, mais aussi parce qu’elles sont concurrencées par les plateformes de vente d’occasion (en particulier en ce qui concerne les vêtements). La fragilisation de leur modèle économique les pousse à se positionner sur ce secteur de l’économie circulaire, en proposant des abonnements-location sur du prêt-à-porter de seconde main par exemple.
Différentes attitudes selon les usages
Une étude de l’Obsoco révèle que si 80 % des sondés estiment que l’usage prime sur la propriété, ils sont plus enclins à louer des équipements de loisirs et de bricolage plutôt que des vêtements ou leur smartphone.
L’attachement aux objets est variable selon les familles de produits.
L’adjonction de services dans les formules d’abonnement est ce qui les différencie de la simple location, qui sera plus ponctuelle et sans le bénéfice de la fidélisation. De même, il peut être absurde de comparer des comportements d’achat à des services d’abonnement qui sont sans rapport. C’est le cas des plateformes de vidéo en ligne qui sont sans rapport avec l’achat de DVD par exemple ; les premières proposent tout un panel de services qui contribue à construire une véritable expérience utilisateur.
Le consommateur est-il gagnant ?
Certains abonnements sont contraints et il n’est plus possible de s’en passer, comme pour le téléphone, Internet ou les transports en commun dans certains cas. L’inflation conduit les opérateurs à augmenter leurs tarifs de quelques euros mensuels qui, mis bout à bout, peuvent faire grimper la note.
D’autres services apportent de réels bénéfices mais peuvent restreindre nos choix, comme les abonnements aux supermarchés qui nous conduisent à nous rendre dans les mêmes enseignes.
Mais certains peuvent générer de véritables trous dans le budget, comme l’abonnement à la salle de sport que nous abandonnons au bout de 2 mois mais continuons à payer…
S’agissant souvent de petites sommes, nous n’y prêtons guère attention. Selon Jérémie Peltier, directeur de la Fondation Jean-Jaurès, l’abonnement a quelque chose d’indolore pour le consommateur, « de l’ordre du déni ». Les sommes sont prélevées, on ne les voit pas et donc on n’y pense pas…
Comment optimiser ses abonnements ?
Si le prélèvement à date fixe et récurrente est pratique en termes de gestion budgétaire, l’abonnement n’en reste pas moins un engagement qui peut vite devenir lourd et rogner sur l’argent disponible pour les autres dépenses. Alors pour y voir clair, il faut commencer par en faire l’inventaire en inspectant minutieusement ses relevés bancaires. En répertoriant l’ensemble de ces dépenses dans un tableau, la somme totale allouée chaque mois sera alors visible. Attention à bien lister aussi les abonnements payés à l’année, souvent par tacite reconduction, comme certaines applications pour smartphone.
Ensuite, il est important de se poser la question de l’utilité de chacun d’entre eux et de résilier ceux qui sont inutilisés. Cette étape peut s’avérer compliquée, même si la loi sur le pouvoir d’achat prévoit « la résiliation en trois clics » au plus tard en juin 2023. Pour les abonnements qui seront conservés, le règlement annuel peut se révéler plus avantageux.
Il est également possible de faire des économies en rassemblant les abonnements au sein du foyer dans le cadre de forfaits familiaux. C’est particulièrement intéressant pour les services de musique et vidéo à la demande ; les accès et les frais peuvent être partagés entre plusieurs personnes, même hors cercle familial pour certaines plateformes.
Parfois, il existe plusieurs niveaux d’abonnement (basique, moyenne gamme, premium…). Au bout d’un an d’utilisation, il est recommandé de vérifier si l’étendue du service offert correspond bien à ses besoins actuels. C’est notamment le cas pour les services de téléphonie mobile, qui proposent souvent un nombre de giga-octets de données mobiles plus élevé que nécessaire.
En ce qui concerne la téléphonie mobile, Internet ou encore les contrats d’assurance, la consultation d’un comparateur peut permettre de dénicher des offres concurrentes plus avantageuses.
Enfin, gare aux mauvaises surprises. Les publicités peuvent mettre en avant des tarifs attractifs… valables uniquement le premier mois (ou la première année). Il faut donc prendre le temps d’étudier l’offre et ses conditions avant de s’engager.