Ultra-fast commerce : des acheteurs sensibilisés mais qui restent tentés

Les plateformes d’ultra-fast commerce telles que Temu, AliExpress ou Shein suivent des modèles basés sur des prix très bas, une production accélérée, une distribution de masse et une obsolescence rapide des produits. Un tiers des Français a déjà acheté sur ce type de plateformes. Quel est le profil de ces acheteurs et quelles sont leurs motivations ?

Le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) a mené une étude en juillet 2025 – publiée en novembre – dans laquelle il dresse le portrait de consommateurs aux positions ambivalentes : trois Français sur dix (29 %) déclarent avoir réalisé au moins un achat sur l’une de ces plateformes d’ultra-fast commerce au cours de 12 derniers mois, mais deux tiers d’entre eux se disent aussi « pessimistes » pour l’avenir de la planète.

Une clientèle consciente des enjeux environnementaux

Les ONG, associations environnementales et de défense des consommateurs dénoncent depuis de nombreuses années les conséquences écologiques de ces grands groupes : une consommation énergétique élevée, des émissions accrues de gaz à effet de serre, une pression croissante sur les ressources naturelles et une augmentation des volumes de déchets générés.

Les consommateurs de plateformes d’ultra-fast commerce se disent eux aussi inquiets face aux dégradations de l’environnement. La très grande majorité d’entre eux (82 %) estiment qu’ils ont un rôle à jouer pour l’avenir de la planète, mais considèrent que la protection de l’environnement relève d’une responsabilité collective à laquelle les industriels et les pouvoirs publics doivent aussi prendre part.

Cependant, l’étude souligne que « cette conscience écologique reste étouffée par un sentiment de restriction élevé et par les fortes incitations à consommer qui caractérisent le modèle de l’ultra-fast commerce ». Les préoccupations budgétaires et la nécessité de se restreindre poussent à chercher toujours les meilleurs « bons plans ».

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Contraintes budgétaires et plaisir de consommer

Ce paradoxe s’explique à la lecture du rapport par un plaisir de consommer et des restrictions de pouvoir d’achat qui priment sur les préoccupations environnementales. Ainsi, pour 93 % des personnes interrogées, les prix extrêmement bas représentent l’une des principales raisons d’acheter sur ces sites. L’étude évoque « le sentiment d’aubaine permanente ». L’offre y est renouvelée en permanence (jusqu’à 10 000 nouvelles références chaque jour sur Shein) et les promotions présentes en continu, ce qui constitue une raison déterminante pour 71 % de la clientèle.

Si les consommateurs en ligne sont plutôt jeunes, franciliens et en couple, la clientèle des plateformes d’ultra-fast commerce appartient davantage aux classes moyennes qu’aux catégories de diplômés du supérieur et aux catégories aisées. Pour ces consommateurs, le fait de pouvoir acheter souvent des produits neufs « représente un véritable plaisir de consommation ».

Impact des influenceurs

Enfin, l’étude du Crédoc met en avant l’impact de l’avis des influenceurs, qui produisent des vidéos dans lesquelles ils déballent leurs trouvailles sur ces plateformes et partagent leurs bonnes affaires. Des contenus qui suscitent « le désir d’imitation et valorisent une consommation plaisir, souvent impulsive », lit-on dans le rapport. Ainsi, nombreux sont ceux qui revendiquent un sentiment d’appartenance à la communauté des influenceurs qu’ils suivent.

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