Les végétaux – boutures et plantes – issues d’une autre région du monde peuvent se révéler délétères, favorisant l’arrivée d’organismes nuisibles – bactéries, virus, insectes, champignons… – capables de décimer les cultures, les plantes ornementales et les plantes sauvages locales.
Des organismes nuisibles dans les bagages
Les voyageurs qui ramènent dans leurs bagages des plantes exotiques sont susceptibles d’introduire des agents pathogènes aux conséquences dramatiques pour la santé des végétaux locaux.
Entre 2016 et 2021, d’importantes quantités de produits végétaux ont été découvertes dans les bagages de voyageurs en provenance de pays tiers et saisies aux postes de contrôle frontaliers de Campanie en Italie. Des inspections et analyses de laboratoire réalisées sur le matériel végétal ont permis de détecter la présence de plusieurs espèces exotiques, dont certaines très alarmantes comme la mouche orientale des fruits (Bactrocera dorsalis), par ailleurs très polyphage.
Intensification du commerce international de végétaux
Mais les voyageurs ne sont pas seuls responsables ; la voie la plus classique qui entraîne l’introduction d’organismes nuisibles (ON) sont les échanges commerciaux internationaux. Le transport de végétaux, de semis, de fleurs coupées (en particulier par avion) est la principale cause de dissémination d’organismes nuisibles. Une accélération de ces introductions d’ON sont à craindre en raison notamment de l’intensification des échanges commerciaux internationaux de végétaux ainsi que du dérèglement climatique.
Une autre source identifiée est le détournement de l’utilisation première d’un végétal. En 2021 par exemple, des rhizomes de gingembre destinés à la consommation et importés du Pérou ont été utilisés à des fins de plantation en Allemagne. Résultat, la bactérie Ralstonia pseudosolanacearum s’est développée, provoquant un flétrissement bactérien sur de nombreuses cultures de la famille des Solanacées, dont la pomme de terre ou la tomate.
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Évaluation des risques par l’Anses
Pour contrer ces risques, il est indispensable d’anticiper les menaces et de les détecter rapidement. C’est pourquoi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a mis en œuvre un outil d’évaluations du risque selon les normes internationales pour les mesures phytosanitaires, ou NIMP02.
L’objectif est d’étudier la probabilité qu’un organisme nuisible arrive dans une zone géographique donnée puis d’évaluer le risque de dissémination une fois qu’il est installé.
Un ON bien établi sur un territoire peut engendrer des pertes de rendement et de qualité des récoltes ou des pertes de peuplement. En juin 2025, l’Anses a produit une évaluation de risque sur la probabilité d’entrée et d’établissement de la bactérie Ralstonia pseudosolanacearum (menaçant les légumes Solanacées, comme la pomme de terre, la tomate, l’aubergine ou le poivron) en France.
Importation de végétaux très encadrée
Afin de limiter les risques, l’Anses recommande aux voyageurs de ne pas rapporter de végétaux de retour de voyage et de ne pas planter des végétaux importés et destinés à la consommation alimentaire.
En outre, l’importation de végétaux et produits végétaux dans l’Union européenne (UE) est strictement encadré. Les voyageurs sont dans l’obligation d’obtenir un certificat phytosanitaire auprès de l’autorité en charge de la protection des végétaux du pays tiers, avant le départ. Le document doit être produit en douane en cas de contrôle à l’arrivée dans l’UE.
Par ailleurs, les végétaux destinés à la plantation doivent être présentés en poste de contrôle frontalier (PCF) à l’arrivée en Union européenne, pour y subir une inspection phytosanitaire à l’issue de laquelle les voyageurs se verront délivrer un « document sanitaire commun d’entrée – produits de plantes » (DSCE-PP).
Les seuls végétaux exemptés de tout contrôle et de tout document, et qui peuvent donc être importés librement dans les bagages et sans limite de quantité, sont les bananes, noix de coco, durian(*), dattes, ananas.
*Conformément au règlement d’exécution (UE) 2019/1793, les durians du Vietnam sont soumis à contrôle sanitaire à l’importation, dès lors que leur poids net est supérieur à 5 kg (pour les denrées fraîches) ou 2 kg (pour les denrées autres que fraîches).
La délivrance d’un certificat officiel en pays tiers et une présentation au Poste de Contrôle Frontalier du premier point d’arrivée dans l’UE sera alors nécessaire.




