De nombreuses enseignes de prêt-à-porter offrent des bons d’achat en échange de dons de vêtements a priori destinés à la seconde main. Pourtant, rares sont ceux à faire véritablement l’objet d’une revente…
En effet, les ONG Changing Markets et Zero Waste France ont publié une étude (en anglais) en juillet 2023 dans laquelle 21 vêtements en très bon état étaient pistés grâce à des puces de géolocalisation et confiés à des enseignes proposant des programmes de don contre bons d’achat (à savoir H&M, Nike, Zara, C&A, Primark, Uniqlo, Boohoo, The North Face, M&S et New Look en Belgique, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni).
Des vêtements expédiés ou détruits
Parmi ces 21 habits, seuls cinq ont été revendus en Europe. Quatre ont été expédiés en Afrique (où la plupart des vêtements atterrissent dans des décharges à ciel ouvert) ; le reste a fini au recyclage, en dépôt ou incinéré.
Pourtant, les slogans de ces enseignes laissent à penser que les vêtements seront réintroduits dans le circuit de la vente pour être portés à nouveau (« donnez une seconde vie à vos vêtements » par exemple chez C&A). Urska Trunk, chargée de campagne pour Changing Markets, qualifie la pratique de « nouvelle supercherie écologique à l’égard des consommateurs ».
Ces derniers pensent réaliser une bonne action alors que les programmes aggravent la situation. En effet, en offrant des bons d’achat ou de réduction, le système proposé encourage à acheter toujours plus de vêtements neufs, « amplifiant ainsi le modèle de la fast fashion », déplore-t-elle.
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Incitation à la surconsommation
Le collectif « En mode climat » partage ce constat, estimant que ces programmes incitent à la surconsommation. « La quantité de vêtements mis sur le marché a doublé en une génération, c’est ingérable. Et le neuf à bas prix concurrence le réemploi », affirme le collectif.
De fait, selon Refashion, l’éco-organisme qui coordonne en France la seconde vie dans la filière textile, sur 187 000 tonnes d’habits et chaussures collectés et triés, 60 % sont jugés aptes à la réutilisation. Pourtant, seuls 10% de cette sélection sont revendus en France. Le reste est expédié en Afrique (35 %), dans d’autres pays d’Europe et en Asie (24 %).
Des solutions locales
Pour donner une réelle seconde vie aux vêtements en bon état, mieux vaut effectuer des dons auprès de structures de l’Économie sociale et solidaire qui œuvrent pour le réemploi et la revente à l’échelle locale, tels qu’Emmaüs ou Le Relais par exemple.
Et pour limiter l’impact carbone du textile et éviter d’alimenter la machine de la fast-fashion, l’achat de seconde main reste la meilleure approche.
Retrouver les bonnes adresses locales des acteurs réellement engagées dans le réemploi sur le site des achats responsables en Alsace www.ZIGetZAG.info