Avec l’arrivée des beaux jours, nous allons être de plus en plus exposés au soleil. La protection doit s’envisager dès le printemps. Comment bien la choisir ?
Les rayonnements ultraviolets
La crème solaire est un cosmétique contenant un filtre qui bloque les rayons ultraviolets (UV) du soleil. Les UVA pénètrent en profondeur dans l’épiderme, sont responsables du vieillissement prématuré de la peau et peuvent provoquer des cancers cutanés. Les UVB sont les rayons qui agissent sur les couches superficielles de la peau, générant une sensation de chaleur, voire de brûlure. Ce sont eux qui sont à l’origine des « coups de soleil » et du bronzage. Ils favorisent également le développement des cancers à long terme. Quant aux UVC, ce sont les plus nocifs, mais ils sont filtrés par la couche d’ozone. Nous n’y sommes donc pas exposés.
Filtres organiques ou minéraux
Il existe deux catégories de protection solaire selon les filtres présents : d’une part les filtres minéraux, seuls autorisés en bio, qui réfléchissent les UV, d’autre part les filtres organiques (injustement appelés « chimiques »), c’est-à-dire issus de la pétrochimie, qui absorbent les rayons UV. Tous deux sont soumis à la réglementation de l’Union européenne (annexe VI du règlement (CE) n°1223/2009 fixant la liste des filtres ultraviolets admis dans les produits cosmétiques). A noter que toutes les crèmes utilisant des filtres minéraux ne sont pas forcément bio et que certains produits conventionnels mélangent les deux types de filtres.
Indice de protection
L’indice de protection (IP) ou facteur de protection solaire (FPS) annoncé sur les flacons va de 6 (« faible ») à 50+ (« très haute protection »). Il donne une indication sur la durée de protection (et non pas sur son intensité). A noter que l’expression « écran total » est interdite depuis juin 2008 au sein de l’Union européenne car aucune crème ne filtre 100 % des rayons UV du soleil. L’indice approprié dépend de son type de peau ou phototype mais aussi du contexte. Ainsi, une peau très claire devra préférer un indice élevé à la plage, mais pas nécessairement pour une balade en forêt au printemps. Tandis qu’une peau mate qui peut se contenter d’une faible protection devra tout de même choisir un indice élevé lors de vacances d’hiver à la montagne.
Enfin pour être efficace, la crème doit être appliquée généreusement et régulièrement, notamment après la baignade.
Pour prévenir le vieillissement de la peau, une crème solaire peut être appliquée sur le visage tous les jours, toute l’année. Pour cela, il faut opter pour un indice élevé et veiller à ce que le tube comporte le sigle UVA entouré d’un cercle, qui assure une protection optimale contre ces rayons responsables du relâchement cutané et de l’apparition de tâches.
Ingrédients controversés
Les filtres organiques contiennent des ingrédients qui sont soupçonnés d’être potentiellement cancérogènes, allergisants, perturbateurs endocriniens (comme l’Oxybenzone, le Benzophénone…). Les filtres minéraux contiennent soit de l’oxyde de zinc soit du dioxyde de titane. Ils peuvent se trouver sous forme de nanoparticules, capables de pénétrer dans les cellules de l’organisme et de perturber leur fonctionnement. Dans ce cas, la mention [nano] doit être précisée dans la liste des ingrédients sur l’emballage. En effet, le Règlement Cosmétique européen n°1223/2009 du 30 novembre 2009 l’impose depuis le 11 juillet 2013.
Ces nanoparticules sont sources d’inquiétudes. Si le dioxyde de titane est interdit dans l’alimentation depuis le 1er janvier 2020 car suspecté d’être cancérogène par ingestion, la question est toute autre en ce qui concerne l’application sur la peau. Jérôme Labille, chercheur au CNRS, explique que « le dioxyde de titane est insoluble dans l’eau [et que] dans une crème solaire, il est enrobé dans d’autres substances (minéraux, acide stéarique…). Il lui est alors plus difficile de traverser la peau ».
Les autorités sanitaires françaises recommandent, néanmoins, de ne pas utiliser les produits contenant du dioxyde de titane sur une peau lésée.
Quant à l’oxyde de zinc, il peut pénétrer dans l’organisme, mais selon le chercheur, « il n’a montré aucune toxicité ».
Dans les deux cas, c’est la toxicité par inhalation qui préoccupe davantage ; c’est pourquoi l’oxyde de zinc est interdit dans les sprays qui sont par définition volatils (pour le dioxyde de titane, c’est seulement déconseillé).
Il est en tout cas recommandé de bien agiter le flacon avant application afin d’homogénéiser le produit. Le dioxyde de titane laisse un voile blanc sur la peau. Si cela semble inesthétique, c’est toutefois signe d’une bonne efficacité et d’une moindre exposition aux nanoparticules. Car plus celles-ci sont fines, moins elles sont visibles.
Enfin, certains ingrédients sont susceptibles de provoquer des allergies, notamment sur les peaux sensibles. C’est le cas de l’avobenzone et l’octocrylène. Il faut donc bien prêter attention aux filtres utilisés dans la formule.
Quelle protection pour les enfants ?
Les crèmes solaires pour les enfants n’échappent pas aux ingrédients controversés (allergènes, perturbateurs endocriniens…). D’après une enquête de Wecf France et Agir pour l’Environnement parue en juin 2020, sur les 71 protections solaires dédiées aux enfants analysées, toutes contenaient au moins l’un des 29 ingrédients « préoccupants » voire « extrêmement préoccupants » repérés au cours de l’étude. Le magazine 60 millions de consommateurs a par ailleurs consacré un article sur son site aux crèmes solaires pour enfants. S’il apparait que la réglementation est respectée, la démarche vise à inciter les industriels à améliorer leurs produits.
Pas question donc de faire l’impasse sur la protection solaire qui reste indispensable. Les coups de soleil pendant l’enfance augmentent fortement les risques de développer un cancer de la peau à l’âge adulte. Rappelons en outre que les enfants doivent être exposés au soleil le moins possible, et porter T-shirt, vêtements anti-UV, chapeau et lunettes de soleil.
Le bio est-il meilleur ?
Les crèmes solaires bio utilisent uniquement des filtres minéraux et sont donc exempts des composés indésirables présents dans les filtres organiques, mais elles peuvent tout de même contenir des allergènes. L’UFC-Que choisir et 60 millions de consommateurs leur reprochent par ailleurs une efficacité moindre sur les UVA.
En ce qui concerne l’impact environnemental, de plus en plus pris en compte par les fabricants, il s’avère que les deux types de filtres posent problème. Les composés organiques des protections solaires polluent les océans, provoquent la mort des coraux (d’après une étude de 2008 publiée dans l’Environmental Health Perpectives et qui fait référence depuis) et dégradent la chaîne alimentaire des animaux marins. Mais les filtres minéraux ne sont pas biodégradables non plus. Difficile aujourd’hui de concilier efficacité et respect de l’environnement. Il y a encore du travail à accomplir du côté des fabricants.
Durée de conservation
Les rayons solaires sont particulièrement forts de début mai à fin août en France métropolitaine. C’est pourquoi la protection est primordiale durant cette période, et en particulier pendant une exposition prolongée, à la plage ou à la montagne par exemple.
Mais peut-on réutiliser le tube entamé l’année précédente ? Commet savoir si la crème est périmée ? La réponse dépend en partie de la façon dont le produit a été conservé. Les filtres solaires sont plutôt fragiles et une crème qui est restée longtemps exposée au soleil ou à la chaleur peut perdre son efficacité. Or, c’est souvent le cas en vacances, quand le tube est utilisé sur la plage et qu’il n’est pas toujours bien refermé. Il est préférable d’en racheter un d’une année sur l’autre pour être sûr de disposer d’un produit efficace.
En cas de doute, il suffit d’en vérifier l’aspect. Si la crème est devenue grumeleuse, huileuse ou pâteuse, ou encore si elle sent mauvais, il faut impérativement la jeter. Par ailleurs, il est conseillé de se fier à la date de durabilité minimale (DDM) qui se présente sous la forme d’un pot ouvert avec un chiffre suivi de la lettre M (la mention 12M pour 12 mois par exemple).
Les protections solaires doivent être conservées au frais et au sec. Le tube doit être bien refermé après utilisation et rangé dans un sac pour éviter le contact avec l’eau ou le sable. Les crèmes en spray s’avèrent plus pratiques à conserver dans le temps : leur date de péremption est souvent plus longue et il est plus facile de les garder propres intactes.
L’utilisation d’une crème solaire périmée peut présenter différents risques : une protection insuffisante (voire inexistante), mais aussi des allergies, irritations ou brûlures en raison de la détérioration des agents chimiques qu’elle contient.
Autres mesures de protection
En complément de l’utilisation optimale d’une crème solaire, avec un indice de protection adapté à son type de peau, il convient de respecter certaines règles de base :
- éviter de s’exposer aux heures les plus chaudes (entre 12h et 16h) ;
- privilégier l’ombre (arbre, parasol…) ;
- se protéger avec des vêtements : T-shirt, pantalon léger, chapeau, lunettes de soleil avec filtre anti-UV (norme CE, catégorie 3 ou 4) ;
- renouveler fréquemment l’application de son produit solaire haute protection.
La crème solaire doit toujours être envisagée comme un complément aux autres précautions visant à nous protéger des UV. Même les plus performantes ne sont pas 100 % protectrices.
Cabines de bronzage : des risques avérés
L’essor des cabines de bronzage artificiel à des fins esthétiques a connu une forte progression au cours de ces trente dernières années. Elles ont toujours soulevé des interrogations quant à leurs effets sur la santé. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a d’ailleurs classé les rayonnements UV artificiels « cancérogènes certains » pour l’Homme depuis 2009.
Mais en vue de faire le point sur la réglementation en vigueur, le ministère de la Santé a sollicité l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), afin de réaliser une mise à jour des connaissances scientifiques sur les conséquences pour la santé de l’exposition aux rayonnements ultraviolets artificiels émis par les cabines de bronzage.
L’agence avait déjà réalisé de nombreuses expertises sur le sujet et a toujours fait part de risques certains pour la santé. Dans son dernier rapport du mois d’octobre 2018, elle confirme les effets délétères d’une exposition aux UV artificiels. L’augmentation significative du risque de cancer, notamment de mélanome cutané, résultant de l’utilisation du bronzage en cabine, est avérée. Ce risque est par ailleurs accru en cas d’exposition, même ponctuelle, avant l’âge de 35 ans. En France, 43 % des cas de mélanomes chez les jeunes seraient attribués à une utilisation des cabines de bronzage avant l’âge de 30 ans.
Autre effet néfaste des cabines, une exposition précoce ou régulière entraîne un vieillissement prématuré de la peau, estimé à 4 fois plus rapide qu’avec une exposition au soleil. Et contrairement à certaines idées reçues, les UV artificiels ne préparent pas la peau à une exposition solaire, ne préviennent pas les coups de soleil et ne permettent pas un apport significatif de vitamine D.
Selon l’Anses, l’encadrement règlementaire actuel apporte une réponse « partielle et insuffisante » au regard des risques encourus. Elle atteste de la dangerosité de ces cabines, confirme ses recommandations antérieures et préconise aux pouvoirs publics « de prendre toute mesure de nature à faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiels ». Autrement dit, l’interdiction de ces cabines…
>>> A lire aussi « Pratiques de soins « non conventionnelles »«