La crise dans les hôpitaux n’est pas nouvelle, mais elle ne fait que s’aggraver, exacerbant chaque jour l’inquiétude des professionnels de santé. Va-t-on vers une rupture de l’accès aux soins ?
22 millions de patients aux urgences
Les services des urgences dans les hôpitaux sont confrontés à de graves problèmes d’engorgement. Alors qu’en 1996, 10 millions de patients étaient pris en charge, ce chiffre a plus que doublé en 2019 avec 22 millions de passages enregistrés, selon les dernières données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur les établissements de santé.
Des aides insuffisantes
Les urgences hospitalières sont saturées : les temps d’attente s’allongent, les hospitalisations sont difficiles à mettre en œuvre, patients et personnel sont excédés… Plusieurs causes ont été identifiées. Tout d’abord, la pandémie de Covid 19 a entraîné une importante vague de recours aux soins d’urgence en mars 2020, mettant les services hospitaliers en tension.
Deux ans plus tard, le malaise s’aggrave. Un rapport de la commission d’enquête du Sénat sur la situation de l’hôpital en France fait état d’un épuisement physique et psychologique des professionnels de santé, d’une accentuation des départs en cours de carrière et de difficultés de recrutement.
Les accords de Ségur de la santé, signés en juillet 2020, ont octroyé plus de 8 milliards d’euros aux personnels hospitaliers. Une somme qui a notamment permis de revaloriser les salaires du personnel soignant et de créer 15 000 postes afin de pourvoir ceux vacants. Mais cela n’a pas été suffisant et la Commission s’inquiète aujourd’hui de la dégradation des conditions de travail qui a généré « une désaffection préoccupante à l’égard de l’hôpital ».
Un recours aux urgences trop systématique
La pandémie a permis de mettre en lumière des difficultés qui s’installent depuis plusieurs années. Le recours aux urgences s’est accru notamment en raison des nouvelles fonctions qu’elles semblent assurer : développement d’un nouveau mode d’accès aux soins hospitaliers, réponse à des besoins non satisfaits, notamment pour la prise en charge de populations à faible niveau de ressources, substitution partielle à la médecine de ville…
D’après une enquête sur le système de santé, réalisée dans le cadre du Grand débat national par la Fédération hospitalière et Ipsos au premier trimestre 2019, 29 % des Français interrogés ont déclaré s’être rendus aux urgences au cours de la dernière année. Et plus de quatre sur dix avouent avoir eu recours aux services d’urgence pour des raisons inadéquates.
Ainsi, les urgences tendent à s’éloigner de leur mission première, à savoir la prise en charge des urgences vitales et traumatismes graves. D’après le dernier rapport sur la territorialisation des activités d’urgences paru en 2015, seule la moitié des admissions aux urgences relève réellement de leur mission principale (10 % pour les cas graves et 40 % pour la traumatologie). Un constat également mis en évidence par la Cour des comptes dans son rapport annuel 2019, où elle indique que 20 % des personnes ayant recours aux urgences n’auraient pas dû s’y rendre.
De son côté, l’association SAMU-urgences de France a publié un livre blanc dans lequel elle constate que la prise en charge par les urgences des accidentés de la route est en net déclin tandis que les pathologies cardiovasculaires et neurologiques ainsi que les complications aiguës des cancers et maladies chroniques sont en forte augmentation. L’association attribue cette hausse au vieillissement de la population. Mais elle pointe aussi un recours aux urgences de la part de populations en grande difficulté, présentant des pathologies très avancées et qui ne parviennent pas à s’orienter dans le parcours de soin. Parfois, c’est l’absence de professionnels médicaux à proximité de chez eux qui les incitent à consulter les urgences hospitalières.
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Crise du système de santé
Ces tensions sont révélatrices d’une profonde crise de l’ensemble du système de santé français. Déjà en 2017, un rapport du Sénat sur les urgences pointait la forte affluence subie par ces services, ce qui entraîne un débordement des équipes ne leur permettant pas de hiérarchiser efficacement les prises en charge et « ferait parfois passer à côté de véritables urgences. »
Tous les services de la médecine d’urgence sont concernés, comme SOS médecins, qui tend à devenir une activité de médecine de premier recours.
Si une partie de la résolution de cette crise se joue en amont des services d’urgence (orientation et prise en charge), c’est aussi le cas en aval (hospitalisation dans des lits de suite), en assurant le bon aiguillage des patients vers les structures adéquates.
Quelles solutions ?
Alors qu’en mai 2022, plus de 130 services d’urgence étaient en difficulté, des professionnels de santé alertaient sur le risque de rupture d’accès aux soins pour les patients, appelant le Gouvernement à rendre des mesures.
À ce titre, le président de la République a commandé, le 31 mai 2022, une « mission flash » au président de SAMU-Urgences de France, François Braun, devenu aujourd’hui ministre de la santé, pour identifier de premières solutions opérationnelles avant l’été. Le rapport rendu en juin dernier donne des recommandations, dont 41 ont été retenues par la Première ministre Elisabeth Borne. Certaines sont entrées en vigueur dès le mois de juillet 2022. Le bilan de ces mesures doit être effectué fin septembre 2022 pour décider de leur pérennisation.
Par ailleurs, le Gouvernement avait présenté en 2019 des propositions pour un pacte de refondation des urgences, à la suite de mouvements de grève. Plusieurs mesures ont été financées pour un total de 754 millions d’euros sur la période 2019-2022, parmi lesquelles la mise en place d’un service d’accès aux soins (SAS). Ce service vise à permettre d’accéder à un professionnel de santé à tout moment et à mieux orienter les patients afin d’éviter un recours systématique aux urgences. Le dispositif devrait progressivement se généraliser dans toute la France à l’horizon 2023.
« c’est l’absence de professionnels médicaux à proximité de chez eux qui les incitent à consulter les urgences hospitalières ».
Pourquoi Cette absence ?
Gouverner c est prévoir ? rien de fait numerus clausus depuis des années il faut rechercher de nombreux médecins étrangers roumains ?
peu d’ attractivités pour la médecine générale de premier recours les étudiants veulent tous faire des spécialités rémunératives en secteur 2 !!!
Une consultation à 25 euros (bac + 8 ou 10 ) c’ est moins qu ‘ une coupe de cheveux avec CAP
alors CQFD plus de médecins généralistes reste plus que d’ aller aux urgences !!!!
QUI est responsable de cette situation ? chercher l’ erreur !