En France, 23 millions de personnes souffrent de douleurs chroniques

Les douleurs chroniques sont envahissantes et concernent 23,1 millions de personnes en France. Seul un tiers d’entre elles voit sa situation s’améliorer grâce à une prise en charge, faute de traitement adapté. Si elles affectent les individus, ces douleurs ont aussi de lourdes répercussions sur l’ensemble de la société, avec un coût estimé à plusieurs milliards d’euros par an.

La fondation Analgesia, institut de recherche dédié à l’innovation contre la douleur en France, a publié son Observatoire français de la douleur et des antalgiques, résultat d’une enquête nationale réalisée avec la société OpinionWay auprès de 11 940 personnes représentatives de la population générale française adulte début 2025.

L’objectif était d’évaluer la prévalence des douleurs chroniques en France, leur caractérisation et leurs répercussions sur la qualité de vie.

Plus de 40 % de hausse des douleurs chroniques en 2 décennies

Alors que la douleur aiguë fonctionne comme un signal d’alarme face à un événement qui représente un danger pour le corps humain (brûlure, fracture, piqûre, coupure…), la douleur chronique s’installe sur la durée (plus de 3 mois), sans réelle utilité. Elle ne présente que des incidences nuisibles pour la personne qui en souffre. Il n’existe d’ailleurs pas une seule douleur mais « des douleurs » qui, lorsqu’elles sont chroniques, ne relèvent plus du symptôme mais d’une véritable maladie (parfois concomitante avec d’autres pathologies comme le cancer).

Les dernières données de prévalence de la douleur en France remontaient à 2008. Cette nouvelle enquête permet d’actualiser les chiffres et de mesurer l’évolution de la situation en 17 ans. Et les résultats indiquent « une augmentation de la prévalence de la douleur chronique en France à plus de 40 % de la population adulte », soit plus de 23 millions de personnes (dont 57 % de femmes). Pour un tiers des personnes interrogées (36 %), la douleur – modérée à sévère – entraîne un « handicap fonctionnel majeur au quotidien ». Enfin 44 % d’entre elles souffrent depuis plus de 3 ans.

Les douleurs les plus fréquentes sont :

  • musculosquelettiques (36 %) : dos, cervicales, arthrose, fibromyalgie, etc. ;
  • céphaliques (33 %) : maux de tête hors migraine (19 %) et migraine (17 %) ;
  • abdominales (15 %) : intestin irritable, endométriose, douleurs génitales ou inflammatoires.

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Un coût sociétal important

Les douleurs chroniques ont de lourdes répercussions sur les patients : elles affectent leurs capacités physiques et mentales, mais aussi leurs vies professionnelle et familiale. Interrogées sur leur prise en charge, seules 37 % des personnes sondées s’en disent satisfaites. En effet, les traitements proposés sont rarement spécifiques de la douleur concernée.

Le paracétamol, les anti-inflammatoires et les opioïdes (morphine et dérivés) sont les trois sortes de médicaments prescrits pour traiter les douleurs chroniques. Mais 87 % des patients déclarent pratiquer l’automédication pour tenter d’atténuer leurs souffrances (dont 16 % ont recours aux opioïdes sans avis médical).

En raison de leur prévalence élevée dans la société, les douleurs chroniques ont un coût estimé à plusieurs milliards d’euros par an. En plus des dépenses de santé nécessaires à leur prise en charge, elles occasionnent une perte de productivité qui entraîne des conséquences économiques.

Selon une étude ECONEP datant de 2006, 45 % des patients douloureux sont concernés par des arrêts de travail, dont la moyenne cumulée dépasse 4 mois par an. Le coût moyen annuel d’un patient atteint de douleur chronique était alors de 7 000 euros pour les hospitalisations en hôpital privé, 14 500 euros en hôpital public, 580 euros en traitement médicamenteux, 3 630 euros en traitement non médicamenteux à l’hôpital privé et 5 150 en hôpital public, et 950 euros en examens complémentaires.

En extrapolant cette année-là à la population générale, ce sont 72 millions de consultations supplémentaires par an qui sont dues aux douleurs chroniques, ce qui représente un surcoût annuel évalué à 1,16 milliard d’euros.

L’objectif thérapeutique pour une personne souffrant de douleurs chroniques est rarement la rémission totale ou la guérison de cette maladie, ce qui serait même contre-productif. La prise en charge est essentiellement réadaptative (mieux vivre avec sa douleur). De son côté l’AFVD (l’association francophone pour vaincre les douleurs) appelle à « la mobilisation des pouvoirs publics pour redonner un nouveau souffle à la prise en charge des patients douloureux ».

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