Des voitures lancées à pleine vitesse et qui freinent brusquement toute seule : c’est la situation dans laquelle se trouvent de plus en plus d’automobilistes, avec un risque d’accident mortel accru. Des centaines de témoignages recueillis au sujet du « freinage fantôme » inquiètent jusqu’au ministère des Transports.
L’affaire démarre par le témoignage sur France Info d’une conductrice, Joanna Peyrache, victime d’un accident spectaculaire à bord de sa Peugeot 208 sur l’A40 : « Ma voiture a freiné très fort et, en trois secondes, s’est retrouvée à l’arrêt sur l’autoroute ». Sa voiture a ensuite été percutée par l’arrière, mais heureusement l’accident n’a entraîné aucune blessure grave.
300 témoignages similaires
La justice refusant d’expertiser son véhicule, Joanna Peyrache lance un appel à témoignage et ce sont plus de 300 réponses qui lui parviennent en l’espace d’un mois. Tous soupçonnent une défaillance de leur système de freinage automatique.
« Il y a plusieurs marques qui reviennent. La seule récurrence, entre guillemets, c’est que ce sont des véhicules qui sont équipés de systèmes d’aide à la conduite, de systèmes d’aide au freinage », note Joanna Peyrache.
Parmi ces témoignages, celui d’Aurélie qui, en décembre 2023, a été victime d’un accident similaire sur l’A7 où sa passagère est décédée sur le coup. Elle a été jugée en mai dernier et condamnée, début juillet, à de la prison avec sursis pour homicide involontaire. Aujourd’hui, elle se joint à Joanna Peyrache pour faire la lumière sur ces potentielles défaillances : « Mon objectif, c’est que justice soit rendue, que la vérité soit faite. Que quand il y a un défaut sur une voiture, ce soit reconnu, pour la victime, pour les familles ».
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Un système de freinage automatique pas suffisamment fiable ?
Pour l’heure, Joanna Peyrache refuse d’envoyer sa voiture à la casse, quitte à bloquer son dossier d’indemnisation.
Du côté des constructeurs, seul Stellantis a répondu à France Info : « Le système de freinage d’urgence se déclenche quand le conducteur n’a pas vu ou identifié un obstacle ou un danger. Il est conçu, homologué et fonctionne uniquement pour cela. »
Le système de freinage d’urgence est un dispositif obligatoire sur tous les véhicules neufs (même prioritaires) depuis 2022.
ourtant, plusieurs experts automobiles affirment qu’il peut se déclencher pour de mauvaises raisons. « Peut-être un objet, un bout de pneu éclaté sur l’autoroute, pour lui, c’est un obstacle. Donc tout n’est pas complètement fiable », assure Grégory Pelletier, expert automobile et directeur de la rédaction de L’Argus.
Une affaire prise au sérieux par le ministère des Transports
Depuis ces révélations, Joanna Peyrache a été entendue par le ministère des Transports. Le Service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM) – entité rattachée au ministère et déjà impliquée dans la gestion du scandale des airbag Takata – s’est saisie de la question.
L’ampleur des témoignages pourrait donner lieu à une action collective. Par ailleurs, si les investigations du SSMVM au sujet du freinage fantôme confirment l’existence d’un défaut récurrent, les conséquences seraient considérables pour le secteur : rappels massifs, audits, sanctions… un éventuel scandale industriel en devenir ?