90 % des déchets textiles sont incinérés. Comment y remédier ?

Alors que les soldes d’été se déroulent jusqu’au 22 juillet, notre consommation de textiles ne cesse d’augmenter. Conséquence : les déchets textiles se multiplient ; ils finissent très souvent incinérés alors qu’ils pourraient être revalorisés.

Aujourd’hui, seuls 12 % des déchets textiles sont recyclés au sein de l’Union européenne. Des résultats très faibles au regard de ceux atteints pour le carton recyclé (69 %) et le verre (86 %) en France.

Des freins techniques et réglementaires

Les déchets textiles proviennent majoritairement de chutes de tissus, de fibres et autres matériaux en fin de vie. Mais le modèle de la fast fashion qui renouvelle sans cesse les collections et incite à consommer en masse aggrave la situation. La surproduction et la surconsommation compliquent le traitement de quantités croissantes de déchets textiles.

Le recyclage se heurte à des difficultés d’ordre technique et réglementaire. Les solutions adaptées et économiquement viables sont trop peu nombreuses. Les infrastructures et moyens de collecte ne sont pas suffisants et le coût du tri demeure élevé. De plus, ce type de déchets est particulièrement difficile à recycler en raison de sa composition (coutures, superposition de matières ou de couches de tissus…).

Enfin, les normes en vigueur sont très récentes : ce n’est que depuis 2022 (grâce à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) que les acteurs du prêt-à-porter sont dans l’obligation de trouver des solutions alternatives à la destruction de leurs produits textiles et vestimentaires, retournés ou invendus.

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La coopération intersectorielle comme levier

En France, selon l’Ademe, 270 000 tonnes de déchets textiles sont collectées chaque année. Bien qu’une partie soit revalorisée (pour être revendue ou pour créer de nouveaux vêtements), le marché de la seconde main ne peut pas absorber l’ensemble des textiles usagés collectés. Beaucoup sont exportés à l’étranger « sans connaissance effective de leur devenir », précise l’agence.

Toutefois, des solutions existent comme l’incorporation de déchets textiles dans des isolants thermiques et acoustiques (tels que le produit Metisse®, mis au point par Le Relais à partir de jeans recyclés), ou encore des procédés industriels mécaniques qui produisent du fil 100 % recyclé à partir de déchets textiles (à l’image de l’entreprise Filature du Parc dans le Tarn).

La coopération intersectorielle dans diverses industries permettrait de mutualiser par ailleurs les savoir-faire et les besoins des différents acteurs. Un processus qui existe dans de nombreux domaines et qui pourrait s’appliquer à la filière textile, où les déchets des uns deviennent la matière première des autres, permettant de réduire les premiers et de limiter l’extraction des secondes.

Repenser la production et la consommation

Mais au regard de la quantité de déchets textiles, les interactions entre industries ne suffiront pas. L’un des leviers les plus efficaces pour réduire les déchets reste de limiter la production en amont ainsi que le volume de matière première vierge. D’autant que des prévisions tablent sur un volume total de prêt-à-porter qui pourrait tripler d’ici 2050 dans le monde.

Chacun est appelé à s’interroger sur ses besoins avant d’acheter : allonger la durée de vie des vêtements en respectant les consignes d’entretien, privilégier la seconde main, opter pour la réparation et apporter ses textiles usagés en points de collecte, même s’ils sont abîmés ou tâchés (ils pourront être découpés en chiffons, servir de rembourrages, être transformés en isolants, en nouvelles fibres textiles…) sont autant de solutions qui évitent de les jeter dans les ordures ménagères où ils finiront incinérés…

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